Le premier trimestre de l’année s’achève et le bilan boursier est plutôt flatteur. Les marchés européens ont bénéficié d’un rally haussier, assez constant jusqu’à mi-mars : le Cac 40 a délivré une performance de 8.6% depuis trois mois, l’Eurostoxx50 de 7.75%.
Au-delà de ces performances, c’est l’environnement psychologique propre aux marchés financiers qui a littéralement évolué. Et dans le bon sens !
Souvenons-nous du tableau assez pessimiste qui s’offrait aux investisseurs européens au dernier trimestre 2011. Empêtrés dans leur déficit public, les pays de la zone euro balbutiaient politiquement (changement de gouvernements en Italie ou en Grèce) sans parvenir à conclure les réformes structurelles indispensables, la contraction de la croissance de la zone euro nous laissait entrevoir une récession durable, la crise des dettes souveraines battait son plein avec des coûts de refinancement records (autour de 7% à 10 ans pour l’Espagne ou l’Italie) et le risque systémique pesait sur les banques (risque de « credit crunch »)… Bref on ne donnait pas cher de la peau de la zone euro et ce contexte macroéconomique plombait les marchés d’actions.
Un plan de sauvetage public de la Grèce (130 Milliards d’euros), deux opérations LTRO de la BCE auprès des banques (1.000 Milliards d’euros) et une restructuration de la dette grecque plus tard (effacement de 107 Milliards d’euros), un premier choc de confiance s’est produit sur les marchés d’actions et obligataires. Les investisseurs ont conscience d’être passés très proche d’une catastrophe et l’assainissement procuré par l’assouplissement monétaire de la BCE a grandement contribué à détendre les accès de stress des marchés financiers. Parallèlement, la croissance européenne est parvenue à résister, écartant le scénario d’une récession.
Ces conditions ont incité les investisseurs à revenir sur les marchés d’actions, délaissant progressivement leur posture prudente (un « flight to quality » quasi systématique) qui dominait en 2011. Les valeurs gagnantes en bourse lors du premier trimestre, sont indéniablement les financières (Société Générale affiche une hausse de plus de 35% sur 3 mois), celles de l’automobile (Renault +47% sur 3 mois) et de l’exploitation pétrolière (Technip +16%, CGG Veritas+22%). Une rotation sectorielle s’est naturellement produite après les points bas de novembre. Les valeurs financières, titres les plus attaqués à l’époque, ont logiquement rebondi depuis. Sans pour autant retrouver leur niveau de valorisation antérieur au krach de l’été dernier.
Sur le plan des perspectives, plusieurs facteurs de soutien militent en faveur d’une poursuite, lente mais relativement constante, du cycle haussier dans les prochains mois. Depuis deux semaines les indices ont marqué une correction, qui semble t-il leur permet de « respirer ». Jusqu’à présent le rebond du début d’année s’est fait dans des volumes d’échanges relativement faibles. La pause actuelle représente un « momentum » d’achat pour les investisseurs qui ne sont encore restés à l’écart des actions, ou pour ceux qui souhaitent effectuer « un nettoyage » de leur portefeuille par une rotation de titres.
Si la croissance semble rester structurellement « étriquée » en zone euro (nos pays doivent retrouver leur compétitivité !), celle-ci ne se retourne pas. En Allemagne, l’indice IFO du climat des affaires a légèrement progressé en mars (pour le 5ème mois consécutif) témoignant de la bonne orientation de l’activité outre-Rhin. En France, le taux d'épargne des ménages est historiquement haut (à 16.8%) : cela prouve qu’ils n’ont pas encore assez confiance dans la conjoncture économique future pour consommer. Mais cela signifie aussi que leur potentiel d’investissement considérable sera déployé lorsque le second choc de confiance, celui des agents économiques, se produira (les ménages américains n’ont pas cette marge de manœuvre, puisque la tendance est au désendettement). Aux Etats-Unis, l’orientation des indicateurs montre que le cycle économique U.S. a quasiment effacé la crise des subprimes de 2008. Qui plus est, la Fed est disposée à poursuivre sa politique de création monétaire pour contenir les taux et financer la dette U.S de façon illimitée (lancement du « Quantitative Easing III » à l’automne prochain ?).
Evidemment, il ne faut pas occulter la recrudescence récente de certaines craintes : la croissance de la Chine ralentit (elle reste tout de même à 7.5% annuel), l’activité manufacturière y est en contraction (l’indice PMIHSBC Market indique une contraction à 48.1, pour cinquième mois consécutif en baisse) et les matières premières, notamment le pétrole sont en voie de renchérissement (le cours du baril de brut pourrait gagner 10 à 15% d’ici l’été). De ce point de vue, les entreprises affichant du « pricing power », c’est à dire celles capables de répercuter la hausse du coût des matières premières dans le prix de leurs produits et services, resteront très bien orientées en bourse, à terme. Des valeurs comme Essilor, Technip, Eutelsat ou Zodiac ont cette faculté à protéger leur croissance structurelle et leurs marges.
Après ce que les investisseurs ont vécu en 2011, ils ont de quoi appréhender les marchés boursiers avec un peu plus de sérénité dans les prochains mois. Nous sommes d’ailleurs convaincus que la normalisation macroéconomique en cours, permettra aux fondamentaux des entreprises de redevenir prépondérants dans les « newsflows » orientant des marchés boursiers.
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