Réalisé par Peter Lord et Jeff Newitt
Ecrit par Gideon Defoe
Avec les voix de Hugh Grant, Salma Hayek, Brendan Gleeson, Martin Freeman, David Tennant, …
Durée: 1h30
Résumé:
Le Capitaine Pirate et son équipage son une bande de losers qui concourent pour le titre de Pirate de l’année. Malheureusement, ils sont très peu doués et n’ont aucune chance face à des adversaires grandiloquents. Leur rencontre avec le jeune Charles Darwin leur laisse cependant augurer de bonnes choses…
Avis:
En règle générale, les films en pâte à modeler possèdent une saveur spéciale, un parfum unique qui, étrangement, sent bon le succès et le talent.
Outre les films d’Adam Elliot (peut-être le meilleur réalisateur actuel en stop-motion), ce sont bien évidemment les Studios Aardman qui ont permis de populariser cette technique d’animation et ce via l’intermédiaire d’un des duos les plus célèbres d’Angleterre : Wallace et Gromit (avec à la clé 3 Oscars, tout de même).
Après quelques collaborations (ratées) avec des Studios américains (pour Mission : Noël, et pour Souris City, deux films réalisés en images de synthèse), il était temps que le mythique studio de production britannique revienne à ses premiers amours : l’animation image par image (ou stop-motion).
A la tête de ce nouveau projet, Peter Lord, fondateur des studios et collaborateur de longue date de Nick Park, le créateur de Wallace et Gromit. Ils ont d’ailleurs réalisés ensemble, en 2000, le très bon et ultra-référencé Chicken Run.
Le projet en question, c’est une adaptation de deux des livres de la série The Pirates, écrite par l’écrivain Gideon Defoe, qui est également scénariste du film.
Un film d’animation en pâte à modeler, réalisé par un des pontes du genre, d’après une série de romans humoristiques à succès, avec en prime un merveilleux casting vocal, il y avait franchement de quoi espérer beaucoup de ce nouveau long-métrage des Studios Aardman (coproduit avec Sony Pictures Animation), et pourtant, à la vue de ce film, nous avons une nouvelle fois la preuve qu’une accumulation de talents ne permet pas nécessairement de nous donner un bon produit final…
Alors que les courts-métrages (et le long) de Wallace et Gromit brillaient par leur naïveté et leur inventivité, et que Chicken Run divertissait grâce à un scénario bourré de clins d’œil et de péripéties en tous genres, Les Pirates ne parvient jamais à s’imprégner de ces éléments, et pire, tombe dans l’infantilisme le plus agaçant et le plus lassant…
Bien sûr, de manière un peu éparse tout au long du film, on trouve quelques références amusantes (à Charles Darwin, aux Simpson, à Bansky, ou bien encore à John Merrick, « l’homme-éléphant »), quelques passages assez inventifs et amusants, mais au final, le film n’est rien de plus qu’un film pour enfant qui ne réussit jamais à créer une émotion, à susciter le rire, ou bien à exciter nos méninges…
Le seul élément qui permette au film de remonter la pente est bien évidemment la qualité de son animation qui, comme toujours, est très soignée (à noter que quelques plans numériques ont été insérés dans le film pour des raisons de coût et de temps), même si elle nous parait parfois un peu trop lisse, un peu molle…
Curieusement, malgré un scénario totalement puéril et dépourvu d’intensité, on aurait pu penser que Peter Lord aurait su donner vie à ce film grâce à sa patte, à son expérience dans le domaine, mais curieusement, c’est tout l’inverse… On se demande même par moment si ce n’est pas plutôt la mise en scène de Lord qui vient justement dégrader un scénario qui aurait mérité mieux…
Accompagné d’une 3D qui ne sert strictement à rien (la plus superflue qu’il ait été donné de voir jusqu’ici dans les salles obscures) et qui de surcroit ternit considérablement l‘image, il accumule les mouvements inutiles et les scènes de coupes hideuses jusqu’à l’écœurement.
Chicken Run, malgré ses nombreuses qualités, possédaient également quelques défauts agaçants, mais il savait toujours reprendre les devants grâce à des scènes d’action rondement menées, et surtout grâce à des personnages hauts en couleur et surtout très marquants.
Ici, en revanche, même si les quelques scènes d’action sont appréciables (notamment la scène de la baignoire, avec un clin d’œil à Indiana Jones), on ne peut pas dire non plus qu’elles soient terriblement renversantes.
Quant aux personnages, quelles que soient leurs bonnes intentions, ils manquent cruellement d’identité, de caractère, de charisme… On en revient d’ailleurs toujours au même point : ces personnages ne sont tout simplement pas marquants car ils sont traités d’une manière totalement puérile et sans aucune profondeur.
Il n’y a rien à dire de plus : Les Pirates est un film qui peut s’avérer être divertissant pour des enfants ou pour des personnes à l’humour fébrile, mais nul amateur d’animation ne peut véritablement prendre son pied devant un tel abus de légèreté…
Peut-être est-ce dû au fait que les relations Sony/Aardman ne fonctionnent pas (les animations de la firme américaines sont d’ailleurs loin d’être exemplaires) ? Peut-être est-ce tout dû au fait que les Studios Aardman manquent quelque peu d’inspiration ? Ou peut-être est-ce tout simplement une petite erreur de parcours qu’ils ne tarderont pas à rectifier ?
Inutile de chercher une raison : le film est raté, un point c’est tout. Ils feront mieux la prochaine fois, faisons leur confiance !
PS: Juste pour conclure, en quelques mots, signalons qu’il est aberrant, au 21ème siècle, que nous soyons encore obligés de supporter des films en VF dans les salles de cinéma.
Même si ce film n’est pas bon du tout, ’il aurait certainement gagné quelque peu en crédibilité grâce au flegme et à l’humour britanniques que la VF ne parvient nullement à retranscrire. Quand comprendront-ils enfin ?…
Tony