Magazine Humanitaire

Quelques questions à Alexandre Le Cuziat, chef de mission d'ACF en Birmanie

Publié le 30 mars 2012 par Cmasson

Comment la Birmanie est-elle en train d’évoluer ?

  En un peu moins d’un an, depuis la mise en place du gouvernement de Thein Sein, le contexte politique a évolué rapidement. L'agenda des réformes du Président Thein Sein a été plus rapide que ne le prévoyaient la plupart des analystes et le pays connaît des changements historiques. Bien que ces évolutions doivent encore se traduire par des politiques, la possibilité de changement existe. C’est un changement de cap important et qu’il ne faut pas négliger même si c’est avec un optimisme prudent qu’il faut continuer à observer comment les réformes annoncées vont être mises en oeuvre. De notre point de vue, le changement le plus significatif et qui doit être maintenant traduit en politiques publiques, c’est la reconnaissance par le gouvernement des problèmes de pauvreté et de santé dont une grande partie de la population souffre. Il y a encore un an, évoquer publiquement la pauvreté ou la malnutrition n’était pas possible...  

Quid des conditions de travail pour ACF et les humanitaires en général ? Ont-elles évolué elles aussi ?

  Au-delà d’un changement d’attitude authentique de certains ministères techniques qui souhaitent travailler avec les ONG, le quotidien de notre travail n’a guère changé. Les besoins des populations restent immenses et les moyens financiers mis à disposition par l’Etat pour la sante ou la sécurité alimentaire sont faibles. Les lenteurs administratives et les contraintes d’accès continuent à peser sur notre capacité d’intervention. Chaque visite sur nos projets doit être au préalable autorisée par plusieurs ministères, et accompagnées d’un officier de liaison du gouvernement.  

Quels sont les principaux défis que le régime doit relever sur le plan social ?

  Chaque secteur souffre de retards énormes. Evidemment la priorité doit être donnée à l’éducation et à la santé, sans lesquels le développement du pays restera atrophié, mais même au sein de ces domaines, les défis sont multiples. Un des premiers défis à relever par le gouvernement est de mieux appréhender la réalité économique et sociale, l’étendue des besoins. Il n’y a que très peu de statistiques disponibles donnant un état des lieux fiable, qui permettrait de faire une analyse des besoins et d’identifier les priorités.  

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