Magazine Humanitaire

La Birmanie, un laboratoire ?

Publié le 30 mars 2012 par Cmasson

« Pendant longtemps, nous avons eu beaucoup de difficulté à travailler avec le ministère de la santé birman. Les relations étaient soit difficiles, soit inexistantes, explique Anne-Dominique Israël, reférente du secteur nutrition et santé chez ACF. Aujourd’hui, les choses ont changé. Il y a quelques semaines nous avons eu la visite de la sous-directrice en charge de la Nutrition en Birmanie : nous travaillons aujourd’hui en direct avec le Ministère

18 ans après l’ouverture de sa mission, ACF conduit en Birmanie son plus gros programme de nutrition : elle traite aujourd’hui entre 20 000 et 30 000 enfants malnutris par an, dont 9500 sévèrement malnutris. « Beaucoup de bénéficiaires, beaucoup de données à étudier pour mieux comprendre la malnutrition au Myanmar, beaucoup d’obstacles et complications logistiques : tout cela fait de la Birmanie un vrai laboratoire technique pour ACF, » témoigne Anne-Dominique.   En 2003 lorsqu’ACF ouvre les centres de traitement de la malnutrition modérée, il est impossible d’importer les produits habituels. « Nous avons dû être inventifs : ACF a élaboré en Birmanie ses propres compléments nutritifs à base de produits disponibles localement, » explique Anne-Dominique.  

« Plus on est coincés par les restrictions, plus on est inventifs ! »

  Nouveau casse-têtes logistique en 2009, en raison de l’impossibilité d’importer la quantité nécessaire de Plumpy’Nut©, produit thérapeutique utilisé pour soigner la malnutrition aiguë sévère... et donc de traiter l’ensemble des enfants malnutris aigus sévères jusqu’à la fin de l’année. Pour y remédier, « on a encore cherché des idées », poursuit Anne-Dominique. ACF a élaboré un protocole de soin alternatif: les enfants passés de l’état de malnutrition aiguë sévère à modérée –donc en voie de stabilisation– ne recevaient plus qu’1 sachet de Plumpy’Nut© par jour, au lieu de 2 ou 3– permettant ainsi de faire durer les stocks. Une mesure, assortie de mesures complémentaires pour compenser la réduction de kilocalories, a montré d’excellents résultats, répondant aux normes Sphère (normes universelles adoptées dans les différents domaines de l'assistance humanitaire). L’« essai » sera prochainement reproduit dans d’autres pays sous forme de recherche, afin de démontrer scientifiquement l’efficacité de l’approche. Une piste qui pourrait permettre de réduire drastiquement les coûts de traitement de la malnutrition, ce qui serait une petite révolution !   La Birmanie est ainsi pour ACF le contexte d’adaptations et innovations souvent forcées, mais riches. En bref, comme le résume Tarik Kadir, responsable de la zone Asie chez ACF : « Plus on est coincés par les restrictions, plus on est inventifs ! »

Retour à La Une de Logo Paperblog