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Birmanie : les fléaux

Publié le 30 mars 2012 par Cmasson

Si les Nations Unies, dans leur rapport sur les Objectifsdu Millénaire pour le développement, font état d’une diminution de la pauvreté, celle-ci reste extrêmement élevée, touchant 26% de la population en 2010 (contre 32% en 2005). La pauvreté rurale est encore plus répandue que celle des milieux urbains, avec des taux de 27% et 18% respectivement en 2010, atteignant même 73% dans l’Etat du Chin et 44% dans celui de l’Arakan.

Très disparates entre villes et campagnes, le développement l’est aussi en fonction des régions. Ces disparités sont visibles notamment sur le plan alimentaire. Alors que le delta de l’ Ayeyarwady est couvert de rizières, des Etats comme l’Arakan ou le Chin, enclavé et montagneux, font figure de parents pauvres du pays. En 2010, une enquête nutritionnelle menée dans le Nord de l’Etat de l’Arakan faisait apparaître un taux de malnutrition aiguë de 19,5%. Un taux alarmant, qui dépasse le seuil d’urgence de 15% retenu par l’OMS. Ici, plusieurs facteurs se combinent pour générer des problèmes aigus de malnutrition : des ressources alimentaires insuffisantes, un accès limité aux structures de santé ainsi que des habitudes ou connaissances inappropriées en termes de pratiques alimentaires. Les rendements limités de la production agricole s’expliquent par des facteurs naturels (précipitations irrégulières), l’accès limité à la terre (qui rend les foyers dépendants des marchés) et le coût élevé des intrants agricoles. Les inégalités dont sont victimes certaines populations favorisent également la sous-nutrition.

Tous les dix ans, un cyclone...

  L’Etat de l’Arakan, à l’Ouest du pays, n’est pas la seule zone affectée par l’insécurité alimentaire. Dans l’Etat du Kayah (Est du pays), 85% des ménages font face à des pénuries alimentaires répétées. Dans l’Etat de Chin (nord-ouest), ACF vient d’ouvrir des programmes, suite à une enquête réalisée fin 2011. Celle-ci a révélé une grande précarité alimentaire. Suite à des pluies à la fois tardives et erratiques, les récoltes ont été mauvaises : dans le district de Paletwa, alors que cultivateurs peuvent habituellement récolter 90 paniers/ acre (un peu moins d’un demi-hectare), le rendement est tombé à 40 à 50 paniers. Résultat : 3 mois à peine de stocks alimentaires, alors que l’on peut en constituer habituellement 5 ou 6. Pas de quoi tenir une année, donc, alors qu’on ne peut faire dans cette région très pauvre qu’une seule récolte par an …. Pour permettre aux familles de tenir jusqu’aux prochaines récoltes (septembre-octobre), ACF a lancé des distributions alimentaires pour 3528 ménages, ainsi que des distributions ciblées pour les jeunes enfants, femmes allaitantes ou enceintes.   De plus, la Birmanie est exposée à une large gamme de risques naturels : cyclones, inondations, sécheresses, tremblements de terre, tsunami, glissements de terrain et incendies saisonniers. Les changements climatiques ont des conséquences néfastes sur le pays qui connaît des saisons de pluies irrégulières, des inondations et des sécheresses. Le pays est également vulnérable aux tremblements de terre puisqu’il est traversé par trois couches tectoniques importantes. Le nombre élevé de pertes humaines (environ 150 000 morts) et de moyens d’existence après le passage du cyclone Nargis en 2008 a clairement démontré le niveau élevé de vulnérabilité des populations du Delta de l’Ayeyarwaddy, et le manque de préparation du gouvernement et des communautés face à un désastre si important. Par conséquent, il est possible d’anticiper que les grandes catastrophes en Birmanie se traduiront par un taux de mortalité élevé, une destruction substantielle des infrastructures et d’importants impacts psychosociaux. En moyenne, tous les dix ans, un cyclone s’abat sur la région.    

Quand les rats s’y mettent...

Ces dernières années, entre 2007 et 2010, l’Etat du Chin a été affecté par un autre fléau : des invasions récurrentes de rats. En cause : la floraison exceptionnelle de certaines variétés de bambou qui ne donnent normalement fleurs et fruits que tous les cinquante ans. Une nourriture particulièrement appréciée par les rongeurs, qui se multiplient alors à vitesse grand V... Une fois cette manne épuisée, les rats se tournent vers les greniers. Entre 2007 et 2010, des invasions répétées de rats ont détruit trois récoltes consécutives, détruisant 50 à 70% des stocks des villages, dans la partie Sud de l’Etat du Chin.  

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