En totalisant plus des deux tiers des voix, l’on peut dire avec justesse que la victoire de Macky Sall à la présidentielle sénégalaise a été un réel plébiscite. Bien sûr, ce triomphe, on s’y attendait un peu. Car après le ralliement de ses amis de l’opposition, au premier tour, on savait que M. Sall allait bénéficier d’un report de voix, d’une arithmétique favorable capable de déclencher un changement à la tête de l’exécutif. Et c’est ce qui s’est réellement passé (…). En outre, on sentait, dans les chaumières sénégalaises, un profond désir de rompre d’avec la période wadienne, marquée notamment par un net recul du point de vue des institutions démocratiques. Abdoulaye Wade voulait inventer une démocratie des caprices contre une démocratie des exigences, une démocratie de la famille contre une démocratie des citoyens. Voilà ce qui aura été son erreur cardinale. La raison aussi des tensions politiques et sociales ayant embrasé le Sénégal avant le rendez-vous des urnes. Macky Sall scelle une nouvelle ère. Avec lui, le jeu démocratique de la patrie de Senghor retrouve sa marche normale, prosaïque, superbe, celle qui a toujours fait sa singularité dans le continent noir. Il est ce Messie discret, ce polyglotte, ce travailleur qu’on attendait, celui qui, auréolé de son titre de président de l’Assemblée nationale, osa commettre une scélératesse en convoquant le fils de son ancien maître afin que ce dernier donne des explications sur ses actions au service de l’Etat. Pourra-t-il répondre avec brio à toutes les attentes, à toutes les espérances dont il est porteur ? Nul ne le sait. Attendons de voir. Toutefois qu’il n’oublie pas d’être digne de ce peuple - qui l’a élu - et dont les maux se résument par ce triptyque simple : cherté de la vie, pauvreté et chômage.
Guillaume Camara