Ses amis sont les mêmes, depuis toujours, et il a Molly, une fille de sa classe avec laquelle il s’entend bien, une fille sage et bosseuse, une amie très sûre.
Une vie sans histoire par conséquent. Darren est né sous une bonne étoile.
Seulement voilà, il a seize ans et il est beau, ce dont il ne se rend pas très bien compte encore. . Les filles, elles, cependant, le trouvent très sexy et même certains professeurs le taquinent en lui trouvant un petit air de Brad Pitt. Alors lui qui est très timide et veut passer inaperçu, fait tout son possible pour se rendre laid. Rien à faire: il attire les filles comme la lumière les papillons de nuit et même certains hommes fixent des yeux affamés sur lui si bien qu' il apprend à baisser les yeux, à ne jamais avoir de contact visuel.
Mais c’est alors que les choses prennent une drôle de tournure.
D’abord il commence à réaliser que ses professeurs le notent mieux qu’il ne mérite, qu’ils ne cessent de l’encourager et de lui en demander plus sous prétexte qu’il est un brave garçon, sympathique et un bon athlète. Il prend peur surtout quand Mr Tracy, son prof d’anglais qui assiste à tous ses entraînements, le raccompagne en voiture un soir d’orage et lui demande de l’appeler par son prénom. Darren se crispe, très mal à l’aise.
«C’était en novembre, un mardi après l’entraînement. La chose avec Mr Tracy. La chose, c’est en ces termes que Darren y penserait par la suite. La chose, un mot vague, indéfini. La chose qui n’était pas arrivé de toute façon.»Seulement ensuite Mr Darcy doit renvoyer un de ses copains de l’équipe de natation et la bande d’amis se venge en l’accusant de pédophilie. Le piège se referme sur le professeur qui ne peut se disculper contre la rumeur qui va s’amplifiant.
La suite est le nœud du récit.
Darren est pris dans l’engrenage, entre deux feux. Il est très malheureux, cherche à comprendre ce qui arrive tour à tour lâche et généreux, loyal et décontenancé. Les faits le dépassent et le bouleversent. Il se fâche avec tout le monde jusqu’à ce que la colère en lui éclate enfin, le libérant de ses doutes, de ses hésitations, de ses peurs et le propulsant en athlète plus affirmé, plus sûr de lui. Le voilà prêt pour sa nouvelle vie de jeune étudiant qui s’annonce sous des aspects plutôt plaisants.
J’ai aimé ce parti pris optimiste de l’auteur à la fin quand je m’attendais au pire pendant un bon moment. Décidément, cette romancière ne me déçoit pas! D'elle, j'ai adoré les Chutes et juste un peu moinsHudson River Je lis son Journal en ce moment mais de façon trop intermittente à mon goût.
Sexyde Joyce Carol Oates (Folio, Gallimard, 2006, 242 p.) Traduit de l’américain par Diane Ménard