Les Lyonnais // De Olivier Marchal. Avec Gérard Lanvin, Tchéky Karyo et Daniel Duval.
En tant que bon lyonnais, il fallait que je vois ce film. En tant que bon client d'Olivier Marchal, il fallait que je vois ce film. En tant que bon client des films de gangster français, il
fallait que je vois ce film. Voilà trois raisons qui m'ont poussé à voir ce film. Car on ne peut pas dire que ce fût la bande annonce, qui annonçait un film à l'opposé de ce qu'il est. Tout
n'est pas parfait mais avec Les Lyonnais, Olivier Marchal signe sûrement son film le plus enrobé, le plus fini, le mieux écrit. Après être passé du côté de la délinquance policière dans MR73 ou
encore du très classique mais très sombre (et très bon) 36 Quai des Orfèvres, Les Lyonnais revient à un style plus sobre, plus proche de ce que l'on a pu voir ces dernières années dans le biopic
sur Mesrine. Le grain de la réalisation est le même, et c'est ce qui rend le film encore plus réaliste finalement. Loin des carcans de la police, Les Lyonnais se place du côté des gangsters (ce
qui change des deux premiers films d'Olivier Marchal). Avec un Gérard Lanvin très convainquant en grand leader - et je m'y attendais pas du tout, n'étant pas spécialement fan de cet acteur -, et
un environnement qui gravite autour de lui sans jamais se voiler la face.
De sa jeunesse passée dans la misère d’un camp de gitans, Edmond Vidal, dit Momon, a retenu le sens de la famille, une loyauté sans faille, et la fierté de ses origines. Il a surtout conservé
l’amitié de Serge Suttel. L’ami d’enfance avec qui il a découvert la prison à cause d’un stupide vol de cerises. Avec lui, inexorablement il a plongé dans le Grand Banditisme, et connu l’apogée
du GANG DES LYONNAIS, l’équipe qu’ils ont formée ensemble et qui a fait d’eux les plus célèbres braqueurs du début des années soixante dix. Leur irrésistible ascension prend fin en 1974, lors
d’une arrestation spectaculaire.
Aujourd’hui à l’approche de la soixantaine, Momon tente d’oublier cette période de sa vie. Sa rédemption, il l’a trouvée en se retirant des "affaires". En prenant soin de Janou, son épouse,
qui a tant souffert à l’époque et de ses enfants et petits enfants, tous respectueux, devant cet homme aux valeurs simples et universelles, lucide et pétri d’humanité. A l’inverse de Serge
Suttel, qui malgré le temps n’a rien renié de son itinéraire...
L'histoire de ce film, il n'y a pas à le réécrire, le film retrace l'histoire du gang des Lyonnais avec pas mal d'aisance et de facilité. Le film est fluide et efficace. On préfère se concentrer
sur le drama plutôt que sur l'action. C'est un parti pris assez intéressant. Cela permet donc de s'attacher à l'histoire que l'on nous raconte. Si l'on en suit la communauté des gitans (ou gens
du voyage), on sait que c'est avant tout une question d'amitié et de se serrer les coudes. C'est ce que le film tente de créer avec le spectateur. Il tente de nous faire adhérer à cette bande
d'amis, même si ils n'étaient pas rose pour un sou. Gérard Lanvin, habitué aux rôles où il tente de faire rire en ne riant pas, incarne ici avec beaucoup de charisme son personnage. Petit à petit
on se laisse prendre au jeu, on comprend mieux le pourquoi du comment et surtout, le rythme est là pour soutenir l'histoire qui reste assez bien ficelé. Je regrette malgré tout que le scénario ne
soit pas moment pas plus étoffé mais c'est aussi un des soucis d'Olivier Marchal qui laisse toujours quelques temps morts.
Les Lyonnais c'est donc la relecture d'une histoire dans un monde de nos jours avec ses conséquences aussi bien sur le monde que les personnages. Olivier Marchal arrive à donner de l'envergure à
son film et à nous captiver. Certes quelques moments sont trop peu surprenants pour vraiment nous passionnants mais côté émotionnel, le film joue à fond et cela fonctionne très bien. Les décors
de Lyon sont très beau, comme toujours (je suis lyonnais, donc très heureux de voir ma ville dans un film, ce qui est assez rare pour être noté. Le dernier film avec Lyon pour décor que j'ai vu
c'est Complices, sur un sujet très très différent). Au final, Les Lyonnais est un très bon polar, moins polissé comme Olivier Marchal nous offrait auparavant. Il en fait moins, et c'est ce qui
permet au film de décoller et de réellement se surpasser. Même si il ne vaut pas l'excellent 36 (qui reste pour moi parmi les meilleurs polars français), il pourrait presque le talonner.
Note : 7/10. En bref, une solide représentation de l'univers du gang des Lyonnais interprété avec vigueur et charisme par un Gérard Lanvin surprenant.