Mélenchon s’est la petite
bête qui monte, qui monte, qui monte ….dans les sondages.
Une petite bête qui va rapidement venir gratter sous le nez son meilleur
concurrent François Hollande.
D’ores et déjà, le leader du Front de Gauche affiche son ambition, il sera
en tête des formations de Gauche au premier tour ! exit le François,
viré façon Jospin le François !
Même si l’hypothèse est pour le moins improbable, envisageons là un
instant.
Imaginons que dans une fin de parcours éblouissante, Mélenchon emporté par
un prodigieux élan révolutionnaire, atterrisse à l’issue du premier tour,
devant le candidat PS, même d’un cheveux.
Coup de tonnerre sur la terre entière et gros problème pour la Gauche toute
entière.
Un second tour Sarkozy contre Mélenchon, c’est Sarkozy gagnant à tous les
coups. L’épouvantail Mélenchon ramènera dans le giron de notre
candidat-Président tous ceux qui, comme moi, considèrent que le projet du Front
de Gauche n’est qu’illusion, une illusion qui comme toute illusion serait
dangereuse pour l’avenir du pays.
Mélenchon au second tour serait donc non seulement une impasse pour la
Gauche, mais également un handicap pour la France toute entière. En effet, dans
ces conditions, que se passerait-il ?
Sarkozy serait élu par défaut, et sa légitimité nécessairement contestée par
beaucoup, ce qui dans le contexte dans lequel nous nous trouvons est clairement
un handicap. Comment mener des réformes courageuses alors que, d’entrée, on n’a
pas le soutien de la population ?
De plus, il y a fort à parier que les législatives qui suivront donneront
une forte majorité à la Gauche et au PS, comme une sorte de 3ème tour de
rattrapage. On se retrouverait donc en situation de cohabitation, situation qui
le moins que l’on puisse dire n’est pas idéale pour réformer la
France.
Mais sans aller jusque là, puisque l’hypothèse relève plus de la
fanfaronnade que de la prévision réaliste, un Mélenchon à 14 % comme certains
sondages l’annoncent d’ores et déjà, posera nécessairement un problème à
Hollande et au Parti Socialiste.
Grâce à Mélenchon le parti communiste moribond et le Parti de Gauche ont
pris un poids important au sein de la gauche. Et on peut d'autant plus leur
faire confiance pour le revendiquer qu'ils sont persuadés de représenter un
vaste mouvement, bien entendu populaire, qui va bien au delà de leur socle
électoral.
Tout éblouis qu'il est par son succès, et poussé par ses alliés communistes
qui voient là leur dernière chance d’exister politiquement, Mélenchon va donc
vouloir capitaliser (humour) sur son score et vendre chèrement son ralliement a
un hollande déjà sous la pression de son aile gauche.
Dans cette situation et surtout si Sarkozy lui passe devant au premier tour,
Hollande a deux options :
Il peut tout d'abord faire des concessions programmatiques au Front de
Gauche, mais on à du mal à imaginer lesquelles tellement les projets sont
différents !
Sauf à mettre à mal sa crédibilité et à rebuter tous ceux qui ne sont pas
vraiment rassuré sur sa capacité à gouverner la France en temps de crise, on ne
voit pas quels gages Hollande pourrait donner à ses encombrants alliés.
Pas facile pour Hollande qui s'est donné beaucoup de mal pour apparaître
crédible dans son personnage de capitaine du bateau France. Exit le projet mort
né du PS, pas de promesses non financées, pas de distributions massives en bref
tout le contraire de Mélenchon !
Parce que ne nous y trompons pas, Hollande n’est pas dans la même position
que Mitterrand qui avait réussi, en son temps, à phagocyter les communistes. La
situation de la France ne tolèrera pas le moindre écart, même avec, comme à
l’époque, un demi-tour radical au bout de quelques mois.
En clair, sauf à se contredire gravement, Hollande n’a rien à donner, sa
besace est vide !
La seconde option consiste pour lui à ne pas changer un iota à son discours,
au risque de passer pour méprisant auprès des électeurs de Mélenchon qui ont
déjà assez peu de considération pour ce social-démocrate rosâtre. Cette option
est d’autant plus tentante que selon les enquêtes, 84% d’entre eux ont
l’intention de
reporter leurs voix sur l’autre candidat de gauche.
Le « tout sauf Sarkozy » peut les maintenir dans cette position
mais il y a clairement un risque de radicalisation façon NPA et de sabordage de
la Gauche toute entière sous prétexte qu’en fin de compte Sarkozy et Hollande
seraient blanc bonnet et bonnet blanc.
Malgré ce risque réel, Hollande a tout intérêt à rester ferme et à ne rien
lâcher sur son projet. Cette attitude ferme lui permettrait de ne pas prêter le
flanc aux critiques qui ne manqueraient pas de fuser en cas de concessions au
Front de Gauche. Elle aurait comme effet positif de lui permettre de contredire
clairement ceux qui le considère comme peu assuré et toujours près au consensus
qu’elles qu’en soient les conséquences. Elle permettra également d'en finir une
bonne fois pour toute avec les fantômes anticapitalistes qui hantent le PS
depuis toujours !
Par contre, il ne pourra pas s’épargner une distribution de sièges aux
législatives. Distribution qui devra être généreuse s’il ne veut pas se faire
lâcher en plein campagne.
Si on se réfère à l’exemple des Verts qui, comme s’ils présentaient le
désastre à venir, ont fort habilement et préventivement négociés entre 30 et 35
fauteuils à l’Assemblée, le Front de Gauche pourra se considérer en droit de
réclamer beaucoup plus.
Si avec une candidate qui fait entre 2 et 3% les Verts ont obtenus 30 sièges et
que l’on fait une rapide règle de trois, Mélenchon avec ses 14% pourrait en
revendiquer 150 !
Espérons qu'il se contentera de moins sinon même si Hollande a des chances de finir président de la république, le PS risque bien lui de finir...à poil !