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Je passe le plus clair de mon temps à penser à des choses qui peut-être n'existent que dans ma tête. Il y a quelques thèmes récurrents qui depuis longtemps m'obsèdent: le rêve et son envers, la lumière et son ombre, la représentation et son backstage, le voyage et son retour, l'insondable beauté des femmes, le langage et ses silences,
la beauté du langage, l'étrangeté des rues qui n'appartiennent à personne, la solitude, la mort... L'âme et l'esprit sont formés par la façon dont on les alimente. Donnez-leur des choses immondes, et ils deviendront bas et vils; donnez-leur du panache, des idéaux, de la poésie, et c'est de la douceur qui en jaillira. Tout ce qui brille n'est pas comestible. Il est de notre responsabilité de surveiller ce qu'on ingurgite. Avec tout ce qu'on avale, couleuvres et bonbons mêlés, on finit par ne plus avoir de goût. Par ne plus maîtriser les effets secondaires. Les effets secondaires, ça peut être des raisonnements biaisés ou pervertis. Il ne faudrait pas prendre au premier degré tous nos désirs et envies, car on peut être conditionné par une série d'ondes et vibrations qui nous traversent. Mais comment s'en libérer?
Longtemps, le cinéma a été ma seule et unique passion, je vivais et respirais à travers son univers, sa mythologie, ses récits et sentiers... J'étais un Walter Mitty qui se choyait. Pendant mon enfance et adolescence, je me voyais réalisateur, je m'amusais à bricoler quelques petits Super 8. Mais vers 16 ou 17 ans, je me suis tourné vers la photographie, qui m'apparaissait comme un outil d'expression plus accessible, plus individualiste aussi, plus facile à mettre en œuvre par quelqu'un d'introverti et de timide. Le cinéma résulte d'une grande aventure collective, tandis que le photographe fait généralement cavalier seul. Mais rien de tout cela n'arrête le temps. Rien de tout cela ne change le soleil, ni la lune. Ce qu'on peut modeler, c'est notre façon de regarder les astres dans le firmament. Ou encore l'écorce des arbres dans la forêt. Ou même les grains de sable sur la plage. On peut croire ou ne pas croire que ces choses obéissent à des forces supérieures. Tout comme moi, peut-être, qui sait... L'arbre est à sa place, il puise son énergie vitale dans le sol, il est en contact avec l'univers, par le biais de ses racines et de ses feuilles. J'aime regarder les arbres. C'est une vision qui m'apaise, qui m'émeut. Je ne comprends pas pourquoi on ne rend pas obligatoire à l'école la contemplation des arbres.