Il est bon parfois de retourner aux sources, de prendre « le rap à la source » ou pas en fait, de se mettre tout nu sur un rond point en pleine campagne pour faire du stop, en espérant atterrir quelque part où les gens sont « vrais » et non superficiels.
En avoir marre de toutes ces choses inutiles que sont les vêtements, qui cachent au final des corps difformes mais assumés, effectuer un retour à l’état sauvage, manger des arbres et des chenilles, apprécier enfin la vie à l’état pur : c’est ce que recherche quelques uns, qui se battent chaque jour, contre on-ne-sait-pas-trop-quoi en buvant du café commerce équitable au goût amer et en portant des tee-shirts écologiques qui rétrécissent et dégorgent sur tout le reste de notre garde robe à la machine à laver.
Tout çà pour dire que ça fait du bien de retrouver ce petit coin de nature, de pureté, fumer des choses naturelles et s’allonger dans l’herbe sous le soleil de Montpellier.
Même si certains n’y pensent pas au premier abord, ce retour aux sources est aussi possible grâce à notre belle et chère musique. Celle qui réussit à traduire certaines de nos émotions, à nous faire voyager par sa force, à nous transporter loin, voir trop loin pour certaines (C.f Justin Bieber et ses « quelques groupies »).
En effet, quelques artistes luttent de leur côté pour ramener ces petits sons nostalgiques, assez simplistes mais tellement prenants. Daniel Rossen, fait parti de cette catégorie de lovers, qui, avec une guitare folk et une voix un peu cassé, réussira à chopper et briser le coeur de toutes les filles qui se trouvent autour d’un bon vieux feu de bois, qu’ils oublieront d’éteindre et qui brulera la forêt entière.
Daniel Rossen est un chanteur/écrivain/guitariste américain, qui débarque en cette année 2012 avec un premier E.P solo, mais avec un peu d’expérience antérieure s’il vous plaît. Et oui, Daniel Rossen fait entre autre parti des plutôt assez connus Grizzly Bear, qu’il a rejoint à partir de deuxième album du groupe : Yellow House. Il fait aussi parti des un peu moins connu, Department of Eagles.
Silent Hour/Golden Mile, son premier E.P. qui vient de paraître chez Warp Records, n’est donc pas un premier essai pour Daniel Rossen qui signe, dans un style un peu différent des Grizzly Bear, cinq chansons d’une qualité surprenante.
Du folk rythmé qui renoue avec un style assez classique et simpliste. Pas besoin de bruits bizarres d’extra-terrestres ou de synthés SWZMSD-76579 qui existent en édition limité fabriqués en Inde avec des touches chromées et finition en dentelle. Daniel Rossen, nous fait plutôt plonger dans une nostalgie qu’on pensait inexistante chez nous, une musique qui nous fait parfois penser au regretté Elliot Smith.
On ressent une certaine mélancolie en écoutant cet E.P, qui nous attaque très directement, et qui nous fait penser à différentes parties de notre vie. Une bouteille de vin rouge à la main, Silent Hour/Golden Mile dans les oreilles, et on est prêt à faire son pilier de bar/vétéran militaire qui monte sur le comptoir en gueulant des mots bizarres et en répétant des trucs du genre « MOI JLA CONNAIS LA VIE, MSIEUR ».
Up on High, l’époque où on se prenait pour un « hippie » qui essayer de prendre le système par derrière. Doté d’une très belle paire de Vans un peu grosse pour nos pieds et d’un beau poncho aux couleurs inquiétantes, on se sentait le roi du monde en exposant fièrement notre pull « system of a down » sur nos épaules.
Silent Song, la rébellion de l’adolescence: nos parents sont les plus cons du monde selon nous. On ne prononce plus un seul mot au repas familial, on leur dit constamment qu’on va se barrer, faire une fugue et qu’il nous regretterons beaucoup à ce moment là. Sauf qu’à noël, on chiale comme une merde pour avoir la nouvelle PlayStation 3D et son si bon jeu KILL ZOMBIE FUCK DRAGON.
Saint Nothing, ce petit animal de compagnie qu’on chérissait tant vient de se faire écraser par une vilaine Twingo édition limitée Hello kitty sur une route de campagne. La vie n’a plus aucun sens à ce moment là, « Chupee » nous manque tant. On écoute beaucoup de chansons tristes, en pensant qu’il n’y a plus beaucoup de raisons de vivre. Nos parents nous voyant dans cette situation de détresse, pense qu’il est bon pour nous de trouver un nouvel animal. Le plaisir se voit décupler quand nos parents prennent eux même l’initiative de nous amener un nouvel animal. Après quelques minutes de suspense, on découvre un magnifique ragondin, qui nous saute au visage pour nous griffer. Merci papa et maman.
Golden Miles, c’est le jour du mariage. C’est un cap à franchir pour tous, beaucoup de stress, car on est sensé apprécier ce jour comme aucun autre. Notre compagne est éblouissante, on verse quelques larmes de joie, et on regarde autour de nous tout nos amis qui sont venus pour l’occasion. Rien ne gâche ce moment si parfait, sauf notre oncle complètement bourré qui essaye de bifler la mariée tout en effectuant l’hélicoptère avec ses parties génitales. Jour mémorable en effet.
Daniel Rossen nous prend par les sentiments, et nous entraîne avec une simplicité déconcertante dans son univers calme et apaisant. Il prouve avec Silent Hour/Golden Mile, son potentiel solo d’une part, mais aussi qu’à notre époque, on peut toujours en faire beaucoup avec très peu.
Un E.P. qui rend un peu triste certes, car on ne peut pas s’empêcher d’associer bon nombre de choses à chaque chanson, mais il en vaut le détour, pour ceux qui veulent revivre, au moins une fois, ces belles choses qui ont fait ce que nous sommes aujourd’hui.
Mention spéciale à Golden Miles, qui donne un peu trop de frissons parfois.