Écrivain, l’âme en plein chaos, une liaison bancale avec sa voisine et un fils peu fréquentable, il décide de partir loin, très loin, et l’avion le mènera en Inde, à Pondichéry précisément, espérant trouver là-bas une sorte de refuge, un repère car il n’est pas sans ignorer que beaucoup de Français s’y trouvent établis… Est-ce là la solution pour apaiser ses tourments et le rendre plus fort, le sortir de cette crise qui pèse lourd sur son cœur ?
L’auteur balaye devant lui tour à tour sa vie familiale, avec tout ce qu’elle comporte de néfaste, à commencer par un fils qui ne veut rien entendre, désinvolte, qui n’est que source de problèmes, et aussi l’amour qu’il fuit un peu par faiblesse, un peu par lâcheté.
Bref, l’auteur, quadragénaire, est en pleine dégringolade, en plein renoncement et cela se sent du début à la fin du récit.
Un récit qui traite de la faiblesse masculine allant jusqu’à la veulerie, de la fragilité des liens familiaux. Au fil de la balade, on croise çà et là des fragments de vie qui nous entraînent dans les arcanes d’une société à la dérive et on se promène dans les rayons des hypermarchés bondés, tandis que l’on croise les trottoirs garnis d’ados larvaires qui n’ont plus le sens de l’émerveillement et qui s’acharnent à se dévoiler sur Facebook sans jamais lever le nez de leur clavier.
Ainsi, l’auteur nous attire sans ménagement vers sa mélancolie et l’œil larmoyant l’on finit par imaginer que la vie c’est donc cela, une chute vers un abîme duquel on a du mal à émerger, même à force de s’agripper.
L’auteur nous livre aussi un portrait de l’homme d’aujourd’hui, celui dénué de pôles d’intérêt, se contentant des banalités du quotidien, allant des courses ménagères à l’usage intensif du clavier à des fins futiles, un homme juste courtois, pour éviter l’affrontement, un homme juste correct, mais retors, voire sournois …
Certes, l’auteur use et abuse à merveille de descriptions loufoques et amusantes des objets de la vie quotidienne et le fait avec un humour mouillé d’acide, mais il sombre rapidement dans une satire féroce qui touche l’humain victime de son environnement … Mais à qui la faute ?
Autant « Tu verras », bien qu’allant dans le même sens de pensée de l’auteur, m’avait enthousiasmée – et j’avais d’ailleurs déposé un billet élogieux ici-même – autant ce roman-ci me laisse de l’amertume …
La ligne de courtoisie par Nicolas Fargues, éditions Pol
Date de parution : 12/02/2012