Après 10 années passées chez Orange, ils quittent leur fonction pour monter le Moulin de Saint-Germain. Dorénavant, ils vendent du pain biologique à Erdeven, dans le Morbihan. Pierre a démissionné de sa société via une rupture conventionnelle tandis que David a bénéficié de l’essaimage, un dispositif permettant de quitter son entreprise pendant plusieurs années avec la possibilité de la réintégrer par la suite. L’idée de monter le Moulin « a germé après diverses rencontres avec des boulangers. Notre démarche était également d’avoir une plus grande maîtrise de notre travail et de ne plus être un simple rouage de l’entreprise », explique Pierre.
De la culture du blé, à la préparation de la farine, jusqu’à la fabrication du pain, ils ont tout appris du métier en se formant notamment à un brevet professionnel de responsable agricole. Un changement de vie radical. « Cela demande beaucoup d’énergie. Je ne m’attendais pas à un projet si lourd, d’autant que nous avons monté notre bâtiment, qu’il a fallu apprendre le métier d’agriculteur et se former à la gestion administrative », poursuit Pierre. Tous deux bénéficient néanmoins du soutien de leurs maîtres de stages. « Cette transmission des savoir-faire a été très importante », analyse le jeune boulanger. Depuis un an, ils commercialisent ainsi leur production au travers d’Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (Amap), des magasins Biocoop, des marchés et en vente directe, deux jours par semaine au Moulin. Un choix militant lié directement à leur projet. « On a changé notre mode de vie et nos habitudes de consommation », poursuit Pierre. Et question salaire, ils ont aussi accepté de le « diviser par trois ». « C’était un choix global de notre part », explique Pierre.
Un « sacrifice » partagé par de nombreuses personnes en situation de reconversion. « Plus que l’argent, les personnes qui se reconvertissent veulent donner du sens à leur métier et réaliser leurs rêves. Ça ne signifie pas que ces personnes travailleront dans l’humanitaire ou dans un métier manuel mais qu’elles trouveront une plus grande satisfaction dans leur quotidien », analyse Yves Deloison. Une aspiration particulièrement forte chez les plus jeunes. Selon l’institut de sondage TNS Sofres, 84% des moins de 25 ans et 72% des moins de 35 ans veulent un jour changer de carrière.
source : Youman nous les hommes - http://eravel.unblog.fr/2012/03/15/trois-histoires-de-reconversion-profe...