REVIEW - Lorsqu'au mois de novembre dernier, nous chroniquions TAMER ANIMALS, nous étions restés véritablement pantois devant cette pépite qui brillait de milles feux. Alors, lorsque que nous avions appris qu'Other Lives se produirait au Romandie le 26 mars, il n’avait fait aucun doute que rien ne pouvait nous empêcher d’assister à ce concert. Il nous fallait absolument obtenir ce précieux sésame qui nous donnerait accès à cette prestation, car la possibilité de ne pas être aux premières loges ce soir là nous était tout bonnement insupportable. Le soir arrivé nous étions parés, prêts à en découdre avec ce qui deviendra une soirée de premier choix.
Mais avant d’avoir droit à l’acte principal, c’était à The Magnetic North que revenait la lourde tâche d’ouvrir les feux et de chauffer une salle déjà impatiente et qui trépignait devant la très bonne prestation des britanniques.
Sold out depuis quelques semaines déjà, les américains étaient attendus. Tellement attendu qu’une fois les derniers réglages sonores de coutumes effectués, on a eu l’impression que "Heading East", le titre qui les introduisait, tournait en boucle. Mais dès leur apparition sur scène et les premières notes de "As I Lay My Head Down" tout était oublié et le voyage pouvait commencer. Car outre ces 5 virtuoses qui ornaient désormais la scène, Other Lives nous proposait de les accompagner à travers le temps. Un retour en arrière visuel vers une époque qui aurait pu être la leur. La parfaite harmonie entre leur musique intemporelle et les images des prairies et des cultures américaines du début du 20ème siècle. Comme si par cette mise en scène ils avaient voulu, en plus d'extraire de nos têtes les images qui y étaient apparues lors de la découverte et la première écoute de TAMER ANIMALS, se mettre en retrait et focaliser les esprits au second plan. Mais le public n’était pas dupe et malgré les quelques coup d’œil jetés vers l’écran, tous les regards étaient dirigés vers les véritables acteurs de ce film. Des artistes aux talents multiples, passant chacun d’un instrument à un autre avec une aisance déconcertante, un Jesse Tabish s’agitant de toutes parts, qu'il soit à la guitare ou au clavier, poussant son chant hors de ses propres frontières, on le pense en quasi transe sur chaque titre. Les morceaux s’enchainent, "Old Statues", "For 12", "Dark Horses", tous les morceaux du dernier album sont passés en revues. Sobres, appliqués et complètement impliqués, le quintet nous livre une prestation de choix.
Chaque titre est soigneusement joué et l'intensité qui en découle n'en est que plus jubilatoire. Bien que déjà conquit, l’assistance ne s’y trompe pas, elle est consciente d’assister là à une représentation de premier ordre et elle le leur rend bien. Les nouveaux morceaux joués sont d’ores et déjà adoptés par la foule et lorsqu’arrivent finalement "Tamer Animals" et "Dust Bowl III" l’heure n’était plus, depuis bien longtemps, à se demander pourquoi Radiohead les avaient choisis pour assurer leur première partie en février et en mars. Revenus sur une scène en ébullition pour trois titres supplémentaires, il nous gratifierons d'une magnifique reprise de "The Partisan", avant de clôturer par un morceau que l’on n’a pas reconnu, mais à cet instant précis l’important n’était pas là, car le rideau tomba. Ce soir là, le Romandie nous a permis de justifier l’engouement qui était le notre avant d’assister à ce moment rare en compagnie d’un groupe qu’il est indispensable de voir sur scène. Et même si cela sera forcément différent en festival, la seule question qui a lieu d’être posée aujourd’hui est : Kilbi ou Gurten ?