Pourtant, voilà cinq bonnes raisons pour défendre cette proposition, qui fait sens.
1. Investir dans le capital humain
Un projet de société de gauche ne fait sens que s’il met au centre de ses priorités l’égalité devant l’éducation et la santé. L’investissement dans le capital humain permet à chacun de s’épanouir
mentalement et physiquement et garantit de meilleurs résultats collectifs au niveau économique et social. Certes les dettes contractées hier pèsent sur nos têtes, mais s’il faut faire un
arbitrage dans les économies, ne faisons pas celui du déclassement et donc des dettes de demain. Quand 20% des élèves de CM2 ne savent pas lire, il y a urgence à réagir. Quand on sait que la
France est le pays de l’OCDE où les résultats scolaires sont le plus fortement corrélés à l’origine socio-économique, on voit bien que l’égalité devant l’éducation est loin d’être une
réalité.
2. Revenir au niveau d’encadrement de 2007
En 2007, il y avait 982 678 enseignants contre 928 458 en 2011, soit 54 220 enseignants de moins aujourd’hui, pendant que le nombre d’élèves augmentait de 12,211 millions à 12,245 millions.
L’idéologie de droite est passée par là, tant pis si la règle du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux devait hypothéquer notre avenir. La droite aime ces idées simplistes dans lesquelles
elle s’enferme. Ainsi la proposition de François Hollande est simplement de rétablir les moyens humains de l’éducation nationale de 2007, rien d’ « irresponsable » quand déjà on se posait la
question de la qualité de l’enseignement à cette époque. Pour quel coût ? Afin de ne pas être taxé de parti pris, prenons les chiffres du gouvernement, la proposition de François Hollande
coûterait 7,5 milliards d’euros sur cinq ans d’après Luc Chatel. Comparativement, la loi Tepa (abaissement du bouclier fiscal, allégement des droits de successions et défiscalisation des heures
supplémentaires) a coûté 7,7 milliards d’euros sur la seule année de 2008, d’après Bercy. Tout est une question de choix. L’Allemagne, entre 2000 et 2010, a fait le choix inverse : les dépenses
d’éducation sont passées de 80 à 102 milliards d’euros.
3. Une nouvelle vision de l’école
Revenir au niveau d’encadrement de 2007 serait une proposition bien trop simpliste pour résoudre les difficultés que rencontre aujourd’hui l’éducation nationale. Une question bien légitime se
pose : plus de moyens pour quels résultats ? François Hollande a souhaité proposer une nouvelle vision de l’école. Ce ne sont pas 60 000 postes d’enseignants, mais 60 000 postes dans l’éducation
nationale. La différence est importante. En effet, l’école doit aujourd’hui remplir de nouveaux rôles, notamment dans les zones urbaines sensibles, qu’elle doit assumer, en contrepartie de
nouveaux moyens, de nouvelles compétences et d’une nouvelle organisation. Le rôle classique de transmission de savoirs ne suffit plus et le suivi psychologique des enfants en difficulté est
devenu aussi important que les heures de classe afin de s’assurer de la bonne acquisition des savoirs. François Hollande propose que la moitié des 60 000 postes soient ainsi concentrés sur
l’éducation des enfants les plus en difficulté : psychologues, éducateurs, enseignants spécialisés, viendront en soutien de l’enseignement classique. Créer les bonnes conditions à
l’apprentissage, grâce à de nouvelles compétences au sein de l’école et à la personnalisation du suivi, est la seule réponse possible à l’explosion des inégalités face à l’éducation dans notre
pays.
4. En finir avec le redoublement
Avoir un niveau d’encadrement semblable à 2007 mais redéployé afin de retrouver un système scolaire qui permette à chaque enfant, quelles que soient ses origines sociales, d’avoir la même qualité
d’éducation et les mêmes chances de réussir devrait suffire à convaincre. Seulement, ce redéploiement et cette nouvelle vision de l’école a aussi un objectif : en finir avec le redoublement. Le
redoublement est inefficace et a un coût, estimé en 2004 à 2 milliards d’euros par an dans un rapport du Haut conseil de l’évaluation de l’école. 36,5% des élèves de 15 ans avaient redoublé au
moins une fois au cours de leur scolarité en 2009. « Les pays qui réussissent, au lieu de faire redoubler leurs élèves, mettent en place des stratégies pour lutter contre l’échec scolaire :
soutien personnalisé, aide aux devoirs, allocation des meilleurs enseignants dans les écoles difficiles, voilà des mesures qui fonctionnent bien « , affirme Eric Charbonnier, analyste à l’OCDE.
Comme quoi investir intelligemment dans l’éducation peut au final permettre de moins dépenser pour plus de résultats.
5. Aller plus loin, redonner de l’espoir dans la fonction d’enseignant
La limite de la proposition de François Hollande ne se trouve pas dans son financement, mais pourrait bien au final résider dans la capacité du pays à trouver des volontaires ! Le métier
d’enseignant, constamment dévalué, ne séduit plus : de plus en plus d’élèves par classe, les conséquences des difficultés sociales sur le comportement des enfants à gérer au quotidien, tout cela
pour une rémunération faiblarde… Nous risquons de nous retrouver face à une situation de pénurie. Pourtant, la motivation pour cette vocation reste intacte. Il suffirait de montrer que l’école
peut à nouveau permettre d’espérer, qu’un choix démocratique remette au centre de nos préoccupations l’éducation de nos enfants. La dernière réforme de la formation des enseignants a réussi le
contraire : la peur s’est installée, il faudra rétablir la confiance.
Investir dans l’éducation pour l’avenir de notre pays, pour plus d’égalité, pour mobiliser les enseignants est de notre responsabilité. Sinon, dans 20 ans, les résultats catastrophiques, devenus
visibles, de la politique actuelle feront poindre du doigt les vrais « irresponsables » : ceux qui, par un double dogme idéologique, auront économisé dans l’éducation pour remplir leur objectif
simpliste de réduction du nombre de fonctionnaires, tout en refusant d’augmenter les impôts.
Source : Jeunes avec Hollande