« Un autre paradoxe dans l'assiette? », titre cette étude « cross-country » menée par le professeur Maurice Doyon, de l'Université Laval qui révèle que plus les consommateurs sont au fait du caractère gras des aliments qu'ils consomment, plus le taux d'obésité est élevé. Ces résultats publiés dans l'édition de mars du British Food Journal, interroge sur la pertinence de miser sur l'information nutritionnelle par aliment et encouragent à rappeler ce qu'est globalement un repas sain, pour inciter à de bonnes habitudes alimentaires.
Maurice Doyon, de la Faculté canadienne des sciences de l'agriculture et de l'alimentation a mené cette étude avec Laure Saulais du Centre de Recherche de l'Institut Paul Bocuse (Ecully, France), Bernard Ruffieux, de l'Ecole Nationale Supérieure de Génie Industriel (Grenoble), Harry Kaiser, du Département économie et management de la Cornell University(New York). Car c'est une enquête sur les connaissances et les habitudes alimentaires comparées dans différents pays.
300 consommateurs, 100 Français, 107 Canadiens et 120 Américains, ont été recrutés au hasard devant des magasins d'épicerie et ont répondu un questionnaire visant à évaluer leurs connaissances sur les graisses alimentaires, sur l'abondance et le type d'acides gras contenus dans les différents types d'aliments et sur les recommandations nutritionnelles concernant les corps gras.
Les Français ne savent pas répondre à 43 % des questions, alors que ce taux s'établit à 13 % au Québec et à 4 % aux Etats-Unis.
· 55 % des répondants français ignorent les % de matières grasses contenus dans le lait entier vs 5 % au Québec et 4 % aux États-Unis. Idem pour le beurre, la margarine et les huiles végétales. [et vous ?]
· La même tendance a été observée pour le contenu en gras du beurre, de la margarine et des huiles végétales.
· Le taux de bonnes réponses est le plus élevé chez les Américains, suivis des Québécois puis des Français.
· 6 % des Québécois, 9 % des Américains mais 17 % des Français ignorent les recommandations sur la consommation de graisses saturées et insaturées.
«Les Français ne se soucient peu ou pas des nutriments contenus dans les aliments qu'ils consomment », estime Maurice Doyon. « Ces informations figurent sur les emballages, mais ils ne les lisent pas. »
Recentrer l'information sur ce qu'est un repas sain, complet et équilibré : Une plus grande disponibilité de l'information nutritionnelle et les recommandations de santé publique sur la consommation de graisses semble avoir un effet positif sur le niveau général des connaissances. Cependant, connaissance «technique» semble être inversement corrélée au niveau de l'obésité. Il y a donc corrélation observée entre un niveau élevé de connaissances nutritionnelles et un taux d'obésité élevé. Ainsi, le taux d'obésité aux États-Unis (35 %) est presque trois fois plus élevé que celui observé en France (12 %). Cette conclusion suggère qu'une stratégie basée sur la diffusion d'information nutritionnelle détaillée n'est peut-être pas la plus efficace pour favoriser l'adoption de comportements alimentaires sains. « Cette approche présente aux consommateurs une information « décortiquée » des aliments ». Cela peut les conduire à perdre de vue l'apport global. « Il faudrait recentrer l'information sur ce qu'est un repas sain, complet et équilibré », conclut le professeur Doyon.
Cette étude donne du poids à l'hypothèse selon laquelle une «science» ou une approche des apports nutritifs des aliments pourrait ne pas aboutir à des choix alimentaires appropriés. Les consommateurs perdent de vue l'image globale des repas.
Sources: Université de Laval et British Food Journal Volume: 114 Issue: 1 2012 DOI 10.1108/00070701211197392 « Consumer knowledge about dietary fats: another French paradox?”(Visuels PNNS)
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