+ 6,2% en un an ! Sarkozy se félicite de la baisse de la hausse du chômage !

Publié le 29 mars 2012 par Gezale

Le 26 avril 2007, dans l’émission « A vous de juger », Nicolas Sarkozy déclarait avec une rare conviction : « Je veux m’engager sur le plein emploi : 5 % de chômeurs à la fin de mon quinquennat ». Après avoir ajouté que si les dirigeants n’avaient pas à rendre compte de leurs résultats, la démocratie ne vaudrait plus grand-chose, il ajoutait : « Et on ne nous demande pas une obligation de moyens, mais une obligation de résultats. Si on s’engage sur 5 % de chômeurs et qu’à l’arrivée il y en a 10, c’est qu’il y a un problème. […] C’est un échec, et c’est aux Français d’en tirer les conséquences. »

Thierry Philippot de la CGT M-Real refusé sur le plateau de TF1

Le nombre de chômeurs s’élève aujourd’hui à 10 % de la population active avec une augmentation de 0,2 % en février. Aux Français donc d’en tirer les conséquences, comme les y invitait Nicolas Sarkozy. Curieusement, Sarkozy parait avoir totalement oublié sa déclaration de 2007 et se vantait, le 26 mars 2012 sur France info, d’une « baisse tendancielle de l’augmentation du nombre de chômeurs ». Il avait même le culot d’ajouter « Ces chiffres du chômage marquent une amélioration de la situation » alors que 6 200 personnes de plus se retrouvaient sans emploi à la fin de février 2012, que la situation de l’emploi ne cesse de s’aggraver et que le nombre de chômeurs augmente depuis 10 mois consécutifs.
Admirons au passage l’épaisseur de la langue de bois du personnage qui fait tout pour que seuls deux mots ressortent de sa déclaration emberlificotée : « baisse » et « chômeurs ».
Les grosses ficelles de Sarkozy
Sarkozy aura pourtant tout essayé pour diminuer artificiellement les chiffres du chômage. D’abord, en demandant à son ministre du Travail de multiplier, selon le dirigeant de la CFDT François Chérèque, les coups de téléphones aux chefs d’entreprise pour leur demander de ne mettre en œuvre leurs plans de licenciements qu’après le 6 mai.
Ensuite, en faisant voter, dans la loi de finance pour 2012, une concentration de l’utilisation des emplois aidés prévus pour l’ensemble de l’année : les 2/3, soit 206 000 sur les 311 000 inscrits au budget, selon le SNU-FSU Pôle Emploi.
« Ensemble, tout devient possible » proclamait Sarkozy en 2007. Aujourd’hui, force est de constater que sa devise serait plutôt « Après moi le déluge ! »
 Les chiffres de Sarkozy
Pour Sarkozy, le nombre de chômeurs n’aurait augmenté « que » de 400 000 depuis 2007. Ces chiffres n’ont rien à voir avec les chiffres de Pôle Emploi, chiffres auxquels il se réfère pourtant lorsqu’il se félicite de la baisse de la hausse du chômage en février.
Selon cet organisme, le chiffre des demandeurs d’emploi de la catégorie A (personnes sans aucune activité) s’élevait à 2 137 000, lors de l’arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy. Il est aujourd’hui de 2 867 000, soit une augmentation de 730 000 (près de 35 %) depuis 2007.
Mais si l’on ajoute à ces 2 867 000 demandeurs les deux autres catégories de demandeurs d’emplois, ceux de la catégorie B (personnes pourvues d’un emploi de 78 heures ou moins à la recherche d’un emploi) et ceux de la catégorie C (personnes pourvues d’un emploi de plus de 78 heures et à la recherche d’un emploi) le total de demandeurs d’emplois s’élève à 4 278 000 c’est-à-dire un million de plus que lors de l’élection de Sarkozy. 
Les demandeurs d’emplois ne se limitent pas à la catégorie A de Pôle Emploi. Tous les demandeurs d’emplois des catégories A, B et C sont tous, d’ailleurs, « tenus d’accomplir des actes positifs de recherche d’emploi ».
Se limiter aux demandeurs d’emploi de la catégorie A, reviendrait à ne pas considérer comme demandeurs d’emploi des personnes disposant en tout et pour tout de CDD très court, parfois d’une semaine seulement ou de contrats à temps (partiels) ou (très) saisonniers.
Le nombre de demandeurs d’emploi de la catégorie A avaient augmenté de 13 400 en janvier, de 6 200 en février. Mais, Philippe Askenazy, économiste et chercheur au CNRS, estime que « le ralentissement de la catégorie A cache une accélération de la catégorie B » c’est-à-dire des salariés ne disposant que d’un contrat à temps partiel ou de CDD d’une semaine ou de quinze jours. De même, Marion Cochard, économiste à l’OFCE constate que « les entreprises ne renouvellent pas les CDD et les contrats d’intérim ». Les offres collectées par Pôle Emploi n’augmentent que pour les contrats de moins d’un mois. Cette économiste souligne également que le nombre de seniors (personnes de plus de 55 ans) au chômage a augment é de 15,3 % en un an et celui des chômeurs de longue durée de 7,2 %.
Il n’y a, décidément, que Sarkozy et l’UMP pour voir une bonne nouvelle dans les chiffres de l’emploi de février 2012.
(communiqué de Démocratie et socialisme)