Djinn, T9 : Le Roi Gorille
Scénariste : Jean Dufaux
Dessinatrice : Ana Mirallès
Parution : Juin 2009
« Le roi gorille » est le neuvième tome de la série « Djinn ». Il marque le dénouement du cycle africain de la saga entamé lors du cinquième opus. Sa parution chez Dargaud date de deux mille neuf. La petite cinquantaine de pages de l’histoire sont le fruit de la collaboration de Jean Dufaux et Ana Miralles. Le premier se charge du scénario et la seconde des dessins. Dufaux est un acteur que j’apprécie depuis ma découverte de « Murena » qui est, à mes yeux, un monument de la bande dessinée. Depuis, je suis les parutions de « Barracuda » qui confirment le talent de son auteur.
Le principe narratif de « Djinn » est de suivre les pas de Kim sur les pas de sa grand-mère Jade. Cette dernière est l’ancienne favorite du harem d’un sultan. Depuis le cinquième tome, on découvre ses pérégrinations sur le sol africain. Sa dimension mystique est une nouvelle fois mise en valeur. Elle prend les traits d’une déesse et accompagne la révolution des autochtones contre l’oppresseur blanc. Parallèlement, Kim suit un véritable chemin initiatique pour retrouver la trace de son aïeule. Ce voyage ne la laisse pas indemne…
Le cycle africain se cessait de monter en puissance au fur et à mesure de la parution des tomes. L’opus précédent intitulé « Fièvres » nous offrait un vrai suspense lors de son dénouement. J’étais donc très impatient de découvrir ce neuvième bouquin. J’étais curieux de connaitre la manière avec laquelle les auteurs allaient conclure cette grande saga. Il est évident qu’il est indispensable d’avoir lu récemment les quatre premiers épisodes. Dans le cas contraire, il me parait compliqué de profiter pleinement de la lecture de « Le roi gorille ».
Même si de grands événements garnissent les pages de l’ouvrage, l’intensité de la narration est moins forte que dans l’ouvrage précédent. C’est irrémédiable dans le sens où il ne reste plus que cinquante pages pour conclure. On ne peut donc pas sans cesse monter et négliger la descente. Il est d’ailleurs agréable de voir que la fin n’arrive pas de manière bâclée en quelques pages. Au contraire, chaque étape de l’album apporte sa pierre à l’issue de ce cycle. Je trouve que la conclusion de cette saga est un modèle du genre. Beaucoup de séries ont une fin ratée. Ce n’est ici pas le cas. J’ai rarement découvert un dénouement aussi bien dosé et aussi savamment construit.
En effet, on ne tombe pas dans des événements hauts en couleur et excessifs qui précèdent deux pages de monologue qui justifient les derniers retournements de situation. Au contraire, la narration alterne des moments rythmés avec des temps plus explicatifs. Cela offre une lecture rythmée et passionnante. De plus, le fait qu’on passe de scènes de nuit intenses à des moments diurnes plus calmes accompagne ces variations. De plus, malgré une dimension mystique certaine, l’ensemble apparait crédible. Les révélations de « Le roi gorille » ne sont pas aberrantes et offre une cohérence évidente à la série. J’avais trouvé le dénouement du cycle ottoman moins abouti.
Les dessins accompagnent parfaitement la fin du voyage. Le style classique de Miralles s’est bien approprié l’univers africain de ce cycle. Je n’y ai pas trouvé les réserves qu’avaient fait naitre ma découverte des quatre premiers albums. A défaut de révolutionner le genre, je trouve que le dessin participe activement à l’atmosphère envoutante de notre lecture. En conclusion, « Le roi gorille » est à la hauteur du cycle qu’il conclue. Il finalise une saga de qualité qui possède une touche personnelle certaine. Je ne peux donc que vous conseiller de vous y plonger car le voyage y est agréable. De mon côté, il ne me reste plus qu’à me plonger dans le dixième tome de « Djinn » qui marque le début d’un nouveau cycle. Il s’intitule « La pavillon des plaisirs ». Mais cela est une autre histoire…
par Eric the Tiger
Note : 16/20