Quand la flemme me prend, ce qui n’est pas rare, quand les forces me manquent pour me hisser jusqu’au Parc Royal - le grand parc de Marly -, je vais au plus court, quelques centaines de mètres à peine de chez moi, le parc Jean Witold.
Des nombreux espaces verts de la ville, ce n’est pas mon préféré sans que je puisse réellement l’expliquer, mais qu’importe. Le Parc Royal ce sont les grandes étendues verdoyantes et arborées autour du bassin somptueux, le Parc du Chenil derrière la mairie c’est son doux vallonnement en pente vers le gymnase et ses essences rares plantées pour flatter le regard. Beaucoup d’espaces libres et aérés. Ce parc-ci, c’est autre chose, plus clos, de grands arbres, des buis et des haies, un sentiment d’austérité diffuse, sensations tout à fait personnelles j’en conviens. Car il sait néanmoins être beau et attachant.
S’il fait très chaud l’été, c’est ici qu’il y fera le plus frais car ses grands arbres joueront à merveille le rôle de parasols. Les haies et les buissons bas sont une aubaine pour tous nos petits passereaux et dès le printemps, ils volettent des unes aux autres dans un concert de chants étourdissants quitte à agacer l’écureuil que j’y vois parfois. Tous les écureuils se ressemblant, j’imagine que je vois toujours le même.
Les chants des oiseaux ne sont pas la seule note musicale de l’endroit. Le conservatoire attenant, laisse échapper à certaines heures, airs mélodieux de musiciens en herbe ou piétinements cadencés d’adeptes dela danse. Ilssont ici chez eux sous l’âme protectrice de Jean Witold, le célèbre chef d’orchestre qui a donné son nom au parc.
Né en 1913, le comte Witold Jedlinski (il avait pris comme nom son prénom), descendait d'un officier polonais dont la famille, après l'insurrection de Varsovie en novembre 1830 et l'écrasement de la révolte par l'armée russe, avait émigré en France. Engagé dans la guerre d'Espagne, il sera ensuite déporté en Allemagne pendant la seconde guerre mondiale.
Dès 1948, il produit pendant plus de dix ans, sur les ondes de la radiodiffusion nationale, une émission consacrée aux grands musiciens. Musicologue, chef d'orchestre et compositeur, Jean Witold sortira de l'oubli l'Adagio d'Albinoni, aujourd'hui une des pièces classiques les plus jouées. Décédé en 1966, Jean Witold est enterré à Marly où il s’était installé en 1957dans le nouveau quartier - alors - des Grandes Terres.
Outre le conservatoire, sur un autre bord du parc, se dresse le centre culturel Jean Vilar, salle de théâtre ou scène pour spectacles divers. Sur un troisième côté s’est installé un atelier d’arts plastiques, géré par des associations d’artistes. Toute la culture semble s’est concentrée autour de cet espace vert puisque même la bibliothèque multimédias se trouve sur le trottoir de l’autre côté de l’avenue longeant le parc.
Avec le retour des beaux jours, vous risquez de m’y trouver soit à lire mon journal, soit à guetter le piaf qui siffle à tue-tête.