Il y a quelque chose d'étrange chez les Mal-Aimée. Leur ADN, leurs codes ne sont plus à définir, ils sont même devenus d'une évidence reconnaissable par tous. Un style propre, inimité et inimitable qui a fait leur construction, leur pouvoir et leur succès… et pourtant, c'est une vraie révolution à chaque fois, des montées chaudes et suaves comme autant de sueurs froides, le choc thermique à toutes les collections.C'est rigoureusement érogène dès qu'on penche l'oeil sur leur nouveau lookbook. On ne les encense pas pour rien, c'est désormais le rendez-vous d'un sans-faute de la beauté. Le duo Léonie Hostettler et Marius Borgeaud nous a mis à terre, une fois de plus, d'une claque dont peu de jeunes griffes peuvent s'enorgueillir. Alors que les deux premières collections partaient sur les chemins d'une créativité débridée et graphique, prouvant leur génie à faire fantasmer, la dernière s'avérait tout en légèreté mutine, prêtant à leur femme les pouvoirs d'une poésie rigide par ses coupes à l'élégance très dame. Aujourd'hui, les Mal-Aimée jouent toujours avec leurs spécialités : des pantalons ultra larges, des carrures dessinées, un mélange de fluide et de graphiques taillés au scalpel transcendé par des imprimés uniques et des matières aussi inédites que luxueuses. Mais ce qui fait radicalement la différence, c'est l'image de leur femme : elle a pris du galon, elle a fini les tests de la jeune création, les plaisanteries de l'appropriation et de la recherche de son statut ou de son âge. Elle s'est muée en une guerrière à l'armure d'un chic glacial. Que la moitié du duo évoque Carole Bouquet lors d'une interview dans Libération ne nous étonne guère. Une Carole bouquet qui prend un certain plaisir sadique à baiser avec Hitchcock. La femme Mal-Aimée est devenue plus froide, mais pas par arrogance ! Seulement par désir d'une féminité absolue. Une féminité qui sent la confiance, le sexe, les talons qui claquent et les cigarettes qui dansent : il n'y a plus de minauderies, il y a de la séduction subtile. Ils habillent dès lors des femmes, des vraies, celles avec des couilles. Pour autant, leur automne/hiver n'est pas raide, sec ou sévère car il se permet l'audace fantaisiste d'être saupoudré d'une touche seventies, identifiable par des imprimés presque aussi rétro qu'une tapisserie et en plein dans le mille des envies de l'air du temps. Le tout parsemé d'injections sporty que Léonie et Marius affectionnent avec discrétion, cela donne des silhouettes hors du commun qu'il est impossible de retrouver ailleurs. L'autre grande particularité de la marque se trouve dans le traitement des couleurs : qui d’autre oserait tenter l'association d'un vert sapin presque disco avec un beige puritain ? Réponse : personne. Incomparable, on vous dit. Première tentative aussi, brillamment orchestrée, dans le noir souverain avec des smokings aux coupes idylliques et des petites robes noires qui dézinguent la plupart de leurs concurrentes. Mais c'est dans le travail de la maille que le souffle se fait court. Dans ses nouvelles pièces knitwear, Mal-Aimée n'oublie pas le confort, un code devenu aussi habituel que transcendant quand il s'agit d'être classe : pulls courts, longs, robes micro ou extra, jogging-pyjama, tout est là, mixable à l'infini sans pour autant donner l'aval à un laisser-aller.C'est ça l'avantage d'une collection Mal-Aimée : il y a de tout pour tout le monde, arborant un esprit mix'n'match parfait sans jamais, au grand jamais, tomber dans la facilité ou l'absence de cachet. Qu'est-ce que vous voulez de plus ? Allez brûler vos cartes de crédit, ils sont déjà en vente chez L'Exception...
Bien à vous.