Cette dernière anecdote exprime ma plus grande frustration, ou tout du moins l'une des plus grandes frustrations ressenties au quotidien depuis que nous avons quitté les USA en août 2010. L'exemple choisi en est un parmi des centaines d'autres, celui-ci étant probablement le plus significatif.
Nous sommes en 2009. Comme bien souvent, je prends mon repas du midi avec Sean,l’un des responsables marketing de mon ancienne entreprise, lequel me dit « ce serait super si on avait la possibilité de vendre ce genre de service. Dommage que notre service R&D en France ne veuille pas faire ça ».Bien évidemment, Sean me connait bien et sait où il veut en venir en lançant ce sujet sur la table. Si je suis devenu ingénieur, c’est aussi parce que nouvelles idées et challenges techniques me stimulent particulièrement.
Je lui réponds alors que j’avais déjà commencé à travailler sur un projet similaire en France, mis en pause après une réorganisation des équipes et des priorités. Sean est curieux :
« C’est vrai ? Et tu pourrais y poursuivre ici ?
-Bien sûr ! Donnes moi un mois de budget pour le faire et je te fais ça. Aucun problème. Je peux même y ajouter ça, ça et ça si tu veux ! »
Peut-être que cette différence culturelle débute dès notre éducation, où les petits Américains visent les « A » à l’école, tandis qu’en France l’objectif est d’avoir 10 sur 20. Le type qui réussit est cité en exemple en Amérique, rabaissé en France, où l’on ne verra toujours que le verre à moitié vide. Chez nous, le meilleur de la classe subit les railleries des camarades et son bulletin scolaire lui dit que c'est bien, mais qu'il pourrait faire encore mieux.
Aux USA, on dit « Awesome », « good job », « great stuff ». En France, c’est « pas trop mal », « pas bête », « assez bien », ou « pas mauvais ». En bref, d'un côté de l'océan on vous tire vers le haut, de l'autre on semble vous tirer inexorablement vers le bas. C’est regrettable et cela devient même presque déprimant après un séjour hors de l’hexagone. Ces comportements sont tellement ancrés dans nos gênes que nous ne nous en rendons même pas compte.
Je vois déjà les commentaires critiques fuser, dans le style typique du "tu n'as qu'à partir ailleurs si tu n'es pas content", mais j'établis là un simple constat qui me désole au plus au point : Je serais le premier à aimer voir mon pays changer dans le bon sens.
Une chose est certaine, le jour où Adeline et moi prendrons nos valises pour mettre le cap sur une nouvelle contrée lointaine, il est certain que l'un des points positifs sera la fuite de cette « sinistrose » ambiante, une spécialité locale mondialement reconnue.
Il y a tellement de raisons de positiver et de vivre son existence de manière optimiste, heureuse et ambitieuse... Pourquoi est-ce si difficile dans notre propre pays ?
En bref... California, I'm waiting for your call...