BellFlower est à coup sûr l’événement indie de l’année 2012, une romance à coup de flammes, un road movie sans voyages, un film apocalyptique sans fin du monde. Bref, un film bizarre. Un OVNI bricolé, un gros bordel cinématographique qui n’arrive pas vraiment à convaincre malgré son énergie.
Alors que Projet X sort sur les écrans et que depuis quelques années le teenager (l’adolescent, même attardé comme dans Very Bad Trip) est le personnage phare des grosses comédies US, BellFlower se place à contre-courant, tel un autoportrait mélancolique et romantique de cette jeunesse qui se rend compte de son immaturité comme d’une malédiction à déjouer. Woodrow – le héros qui tombe amoureux – rappelle les ados de Chronicle dont les pouvoirs surhumains les conduisent à leurs pertes. Sympathiques dans leurs personnages de beaux gosses buveurs de bières à mi-chemin entre le hipster et le redneck, Aiden et Woodrow sont en fait deux inadaptés sociaux qui se recréent une réalité héritée de la culture pop des 80’s et des comic books (le trip de bourrer ses dialogues de références est passée de mode depuis Tarantino au fait) et qui découvrent que les autres – les filles en général, la jolie Milly en particulier – sont des êtres humains autonomes qui n’ont pas à se confronter à leur délire régressif. D’où les déclarations romantiques ridicules, d’où l’adultère avec le coloc amoureux, d’où la souffrance et le bain de sang. Evan Glodell, le réalisateur qui s’est réservé le rôle de Woodrow, maîtrise très bien le passage d’un genre à l’autre, commençant son film comme une amourette chez les slackers californiens pour ensuite virer vers l’escalade voire le gore. Une jonction presque réussie entre Robert Rodriguez et Jim Jarmush, entre la série B parodique et la mélancolie intello new-yorkaise.