La correction boursière annoncée est en train de se produire, depuis quatre séances les indices européens refluent assez nettement. Le Cac 40 corrige de 1,56 % aujourd’hui (et de -3,01 % sur les cinq dernières séances), à un niveau désormais légèrement supérieur à 3 400 points. L’indice tutoyait le seuil des 3 600 points il y a une semaine. De quoi mettre fin au cycle haussier du début d’année ?
La correction actuelle paraît logique, tant les performances des places européennes (et américaines) depuis trois mois se sont révélées remarquables. Les marchés boursiers venaient d’ailleurs de signer huit séances consécutives de hausse avant la consolidation initiée lundi. La valorisation des marchés a poussé bon nombre d’investisseurs à prendreleurs bénéfices.
Reste à savoir s’il s’agit là d’une simple pause ou d’une réelle rupture du cycle haussier. Deux scénarii sont envisageables. Le premier privilégie une simple pause avant la reprise de la progression boursière, de façon lente mais constante. Le second, beaucoup plus chahuté est tout aussi probable : la correction en cours, assez vigoureuse, pourrait trouver de nouveaux catalyseurs favorables au retour d’une configuration baissière. On peut d’ailleurs estimer
qu’une nouvelle baisse du Cac 40 en direction de 3 330 points, constituerait une ligne de fracture, synonyme de tendance résolument baissière.
Aujourd’hui, la baisse des marchés résulte autant d’une consolidation technique, une respiration après un trend haussier significatif, que de la recrudescence de certains indicateurs macroéconomiques négatifs. En Europe, les facteurs de risque se sont indéniablement apaisés, mais pas n’ont disparu pour autant. Au-delà du sauvetage in extremis de la Grèce et de la stimulation du système de financement interbancaire par la BCE, la zone euro reste exposée à des contraintes
structurelles : les pays européens se sont engagés dans un cycle de réformes budgétaires et fiscales inéluctables, visant à gagner en solvabilité et en compétitivité. Cette impulsion ne peut se réaliser que par la réduction des dépenses publiques et les réformes sociales, l’autre moteur, celui de la croissance étant sensiblement enrayé à terme. Pour preuve, alors qu’une récession longue en 2012 semblait avoir été évitée jusqu’alors, le PMI manufacturier publié
aujourd’hui indique une contraction ferme du secteur privé européen (indice PMI à 48.7
contre 49.3 le mois précédent).
A l’échelle globale, c’est le ralentissement de la croissance sur les marchés émergents, notamment en Chine, qui inquiète les investisseurs. L’indice PMI HSBC d’activité manufacturière en Chine a accusé son cinquième repli consécutif en mars, à 48.1, indiquant une contraction de l’économie chinoise. Même constat pour les autres indicateurs récents, entre recul du secteur immobilier (baisse des prix des logements neufs), production industrielle au ralenti (hausse de 11.4% en février, un plus bas de 2 ans et demi) et balance commerciale dans le rouge (déficit de l’ordre de 24 milliards d’euros). Dans ce contexte, le ralentissement de la locomotive chinoise a même impacté le cours du pétrole, pourtant porté jusqu’à présent par le risque d’éventuelles pénuries liées aux tensions du Moyen-Orient. Les indicateurs avancés des pays émergents laissent entrevoir un reflux de la consommation pétrolière dans les prochains mois. Le baril de brut WTI perd ainsi 1.80 % aujourd’hui, à 105$. Preuve que ce n’est désormais plus la flambée du cours du pétrole qui risque de peser sur les valorisations boursières !
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