Une faille génétique liée à un risque de grippe sévère, parce qu'elle rend alors nos cellules plus sensibles à l'infection virale, c'est ce qu'ont découvert ces chercheurs du Wellcome Trust, qui publient dans l'édition de Nature du 25 mars. En effet, lorsque le gène IFITM est muté et ne produit plus ses protéines, il ne joue plus son rôle protecteur contre l'infection grippale. Si cette mutation ou susceptibilité génétique n'est présente que chez une toute petite partie de la population, elle est fortement associée à des complications et à l'hospitalisation en cas d'infection grippale. L'identification de ce gène rare de la susceptibilité grippale est un premier pas dans l'identification des influences génétiques sur la vulnérabilité et de groupes plus sensibles à l'infection grippale.
Ces chercheurs des Wellcome Trust Sanger Institutes, de l'University College London et d'autres institutions britanniques et américaines ont effectué une série d'expériences pour examiner l'influence d'un gène sur notre susceptibilité à la grippe. Sur l'animal, ils constatent que les souris dépourvues de ce gène ont un risque beaucoup plus élevé de développer une forme sévère de la grippe que des souris qui ont une copie normale du gène. En cas d'infection, les souris à version mutée d'IFITM présentent :
· Une perte de plus de 25% de leur poids corporel vs 20% chez les souris avec une copie normale du gène.
· des signes de maladie grave comme une respiration rapide et la chair de poule,
· des niveaux de virus dans leurs poumons 10 x plus élevés au bout de six jours,
· des signes de pneumonie grave et soudaine et des lésions pulmonaires importantes.
Une fois ce point confirmé, les chercheurs ont mené une étude cas-témoins chez les humains. Après avoir séquencé les gènes de 53 patients qui avaient été hospitalisés pour grippe H1N1 sévère, ils estiment qu'en population générale, 0,3% des personnes possèdent une copie mutée du gène et qu'environ 5,7% des personnes hospitalisées pour symptômes grippaux présentaient bien une copie mutée du gène.
Dans sa forme normale le gène protège des infections virales. Ce gène est responsable de la production d'une famille de protéines appelées protéines transmembranaires induites par les interférons (IFITM) dont le rôle, empêcher les virus de se répliquer, est déjà connu. Les chercheurs ont donc vérifié avec cette étude que les personnes atteintes d'une forme sévère de la grippe présenteraient un dysfonctionnement de ce gène.
Cette recherche renvoie à une influence génétique sur la vulnérabilité d'une personne à la grippe. Si des études plus larges doivent être encore menées, précisent les auteurs, pour mieux comprendre ce processus, à plus long terme, ces données permettront de détecter les patients les plus sensibles à l'infection et plus susceptibles de développer des complications et à mettre en place des mesures préventives ciblées, telles que la vaccination.
Les chercheurs concluent que la famille des protéines IFITM agit comme un obstacle essentiel à la grippe à virus A.
Source: Nature, Published online March 25 2012 doi:10.1038/nature10921IFITM3 restricts the morbidity and mortality associated with influenza (Visuel © luchshen - Fotolia.com)
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