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Bien qu’elle soit située sur la rive sud ouest du lac Kivu (2700km²) à l’est du pays, l’eau reste cependant une denrée rare dans nombreux quartiers de la ville de Bukavu. C’est le cas du quartier Mosala qui comptait plus de 51.251 âmes en 2008, selon l’étude d’une ONG locale DIOBASS et financé par le programme des Nations Unies pour le Développement, PNUD.
Le quartier Funu est desservi en eau potable par la Regideso (l’agence nationale de fourniture d’eau) mais ses services restent insuffisants et les habitants du quartier s’approvisionnent principalement dans les points d’eau parfois non aménagés. Le nombre de puits aménagés est chiffré à 9 points d’eau pour le quartier entier, nombre qui demeure insuffisant.
Être patient et fort pour accéder à l’eau
Le puits le plus fréquenté est la source FUNU où le puisage d’eau peut aller parfois au delà d’une heure. "Il faut être patient sinon vous risquez de renter sans avoir puisé", nous dit mademoiselle Julie Nzigire que nous avons rencontré sur une file d’attente devant la source.
A cette patience il faut encore ajouter la force pour augmenter ses chances de puiser vite. "Des garçons âgés que nous, veulent toujours passer avant nous, et si vous n’avez pas la force pour leur opposer résistance ils récupèrent votre place. Une situation qui peut vous contraindre à passer toute votre journée ici", renchérit Alain Cimanuka âgé de 12 ans.
A la source Funu, bagarres et insultes se portent en bonne santé, le respect n’a pas sa place, pas question de plus ou de moins âgé, les enfants se bagarrent soit entre eux soit avec les adultes, "l’essentiel est de puiser le premier et renter vite chez soi", nous dit madame Furaha Nkubonege mère de deux enfants qui vient de remplir son bidon de 20 litres.
Arsène Shagali, adulte du quartier qui joue au football dans un terrain situé juste à côté de la source se souvient amèrement du jour où il a eu une blessure au niveau du visage après avoir été poussé violemment contre le mur de la source. Il regrette en touchant sur sa cicatrice, de constater que 10 ans après, la situation s’est empirée.
Des filles violées à cause de l’eau
Bien que personne ne soit épargnée de tous ces dangers, les filles restent encore les plus exposées aux risques - si pas victimes - de cette rareté de l’eau, surtout pendant la saison sèche, saison pendant laquelle même les quartiers régulièrement desservis en eau potable par la Regideso subissent le même sort que ceux qui n’en n’ont pas toujours. Une étudiante qui a préféré témoigner dans l’anonymat nous a dit qu’elle avait été violée par deux jeunes garçons alors qu’elle venait dans leur enclos solliciter de l’eau, elle n’a jamais raconté à personne ce qui lui était arrivé pour ne pas salir sa réputation, a-t-elle ajouté d’une voix basse baissant aussi le regard.
Constructions anarchiques et surpeuplement à la base de la rareté de l’eau
Damien Mudekereza, chef technique à la Regideso Bukavu, explique cette pénurie d’eau dans la ville par l’augmentation en flèche de la population et surtout les constructions anarchiques. Selon lui des maisons ont été érigées au dessus des conduites d’eau de sa société, ce qui rend l’accès impossible en cas de panne. Il ajoute que la population urbaine augmente du jour en jour suite à l’exode rural - conséquence: la demande en eau devient beaucoup supérieure par rapport à l’offre.
Ressource vitale, l’eau potable reste un liquide précieux dans nombreux quartiers de la ville de Bukavu. Ironie du sort le 22 mars alors que le monde entier célébrait la journée internationale de l’eau, elle ne coulait pas dans les robinets de toute la ville.
Pourtant selon une étude du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) publiée en mars 2011, la RDC détient plus de la moitié des réserves d’eau d’Afrique, alors que environ 51 millions de personnes dans le pays, soit les trois quarts de la population, n’ont pas accès à de l’eau potable.
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