Dans cet océan de minables, j'aurais pu faire la peau à Sarko encore une fois, mais je ne suis pas sûr qu'il ait besoin de moi pour être impopulaire bien qu'il soit
un vrai athlète en ce qui concerne la lutte des places. J'ai déjà craché ma bile sur Marine Le Pen et son programme ridicule figé dans une France mythifiée qui serait source de bonheur pour
chacun (voir aussi le tract de l'UDB Jeunes). Aujourd'hui, j'ai choisi aujourd'hui de faire la peau à
Mélenchon car il me fait flipper et pour annoncer la couleur, j'ai volontairement utilisé la caricature de Plantu qui avait fait scandale et dont je partage le message. Le populisme n'est pas
l'apanage de la droite!
On me reprochera sûrement cet article car "Mélenchon est de gauche". Certes, il l'est, mais désolé, nous n'appartenons pas à la même gauche. Issu de l'organisation communiste internationale puis du PS Mitterrandien, Jean-Luc Mélenchon est un opposant au PSU courant socialiste qui, en tant qu'autonomiste, me plait plus que cet idéal faussement égalitaire qui s'auto-persuade que la République française est universelle. Je préfère le "décoloniser la province" à ce ramassi de légendes pour enfants. Quoi de plus normal que de s'opposer au socialisme de la décentralisation pour un jacobin. Oh, inutile de lever les yeux, "jacobin" n'est pas une insulte pour lui et il s'assume comme tel (voir la vidéo de France 3 Corse). Je constate juste nos différences.
Alors oui, je pourrais parler de son antipathie pour les langues régionales qu'il dit "aimer comme Jaurès aimait l'occitan". Oui, mais Jean-Luc Mélenchon aime tellement les langues qu'il souhaite les étouffer dans ses petits bras. En bref, après l'épisode de la "secte" pour parler de Diwan au Sénat en 2008 (voir ici), la blague des 5 langues bretonnes (voir ici) et son opposition à l'immersion qui est pourtant la seule option pour sauvegarder et développer nos langues... je n'ai plus envie de parler de cet aspect du personnage. Après tout, il n'est pas seul à penser ainsi malheureusement.
Le héros Mélenchon est évidemment contre l'autonomie (là encore il n'est pas le seul) et continue de véhiculer des idées selon lesquelles nous voudrions casser le
code du travail. Quand on confond Etat et service public, il est logique de penser ainsi. Mais vous qui dénoncez l'Europe libérale, n'oubliez pas qu'elle l'est car c'est une Europe des Etats et
que les Etats sont libéraux. Et en l'occurence, ceux qui cassent le code du travail ne sont pas autonomistes aujourd'hui. Certes, nous voulons des lois adaptées aux territoires, cela n'empêche
nullement la péréquation et la redistribution. Aujourd'hui, le mythe de la France redistributrice et égalitaire, plus personne n'y croit! Celle-ci est centralisée et promeut les "pôles
d'excellence" dont "la France a 22 vitesses" que dénonce Mélenchon (sous-entendu, pas question de réunification, mais on s'en serait douter).
Passons aussi sur cet aspect, mais restons sur les questions institutionnelles. Mélenchon souhaite une 6ème République parlementaire. Dingue, comme nous! Sauf que
ce n'est pas exactement la même. En guise de 6ème, il ferait mieux de parler de la 3ème, celle qui lui ressemble le plus avec ses hussards noirs, sa laïcité qui ressemble plus à une nouvelle
religion qu'à une vraie séparation du culte et de l'Etat! Je serais curieux de savoir ce qu'il pense de Jules Ferry, ce grand républicain laïc pour l'expension coloniale et principal adversaire
des communards.
Vous l'aurez compris, le souhait du candidat, c'est une France Une et Indivisible. Ils ont beau dos les militants à parler de diversité culturelle en Bretagne ou ailleurs quand leur candidat ne reconnaît qu'une culture officielle. On notera aussi tout l'ambiguïté d'un type qui parle de parlementarisme, mais qui, sur son nom et sa gouaille (car il est talentueux reconnaissons-le), réunit 100000 personnes à la Bastille et 20000 à Lille. Etonnant comme paradoxe, mais le Front de Gauche ne tient que parce que son leader est bon...
... et contestaire! Car qu'est-ce qui lie les différents partis entre eux si ce n'est un slogan "unité de la gauche"? Avez-vous déjà écouté un discours de Mélenchon? De belles tournures, des bons mots, du lyrisme même, mais quoi sur le fond? Sur le nucléaire, le PCF est pour et le Parti de Gauche contre. Côté écolo, Mélenchon fait beaucoup d'effort, mais la plannification écologique n'est guère crédible! Sur la centrale à gaz de Landivisiau le PG se dit contre et le PCF vote pour au Conseil régional. Et oui, le gros problème du Front de Gauche, c'est le PCF car il joue sur deux tableaux: élus dans les majo socialistes et indépendant aux élections. Je ne dis pas que c'est impossible puisque nous-même le faisons, mais encore faut-il être cohérent dans ses votes (et nous le sommes). Le PCF a donc deux choix: suivre une logique Die Linke avec un projet qui n'est pas clair. Ceci suppose de refuser de siéger avec le PS et ainsi perdre tous les élus locaux qui font la force du plus vieux parti de France (ou presque). L'autre choix, c'est de rester le partenaire privilégié du PS et continuer le déclin. Choix cornélien!
Quelques anecdotes quand même, juste par méchanceté. Mélenchon qui se targue de faire de la Politique avec un grand "P", Mélenchon le Juste est-il si clean? Il
n'aime pas beaucoup qu'on le titille comme le fait Jean Quatremer, sur son temps de présence au Parlement européen où il se classe parmi les bonnets d'âne (voir ici). Mais après tout, encore une fois, il est cohérent avec lui-même puisqu'il
est clairement anti-européen. Et qu'on ne me dise pas qu'il est juste "contre cette Europe-là" car il est contre l'idée même d'Europe qui remet en cause la souveraineté nationale de la Frrrance!
Là encore, je ne suis pas de cette gauche nationaliste-là!
Allez, une autre, pour le plaisir et parce que je participais récemment à une action pour dénoncer la dictature en Biélorussie (voir ici). Mélenchon, lui, ne dénonce pas les dictatures communistes! Ainsi, il refuse de dénoncer
la dernière dictature (même si le caractère démocratique de certains autres Etats reste à prouver) d'Europe (voir ici). Faut dire qu'on peut
difficilement dénoncer les crimes de types qu'on prend en modèle pour ses affiche (Lénine, Staline...). Sauf que voilà, on peut être de gauche et affirmer qu'une dictature n'est pas de gauche,
fusse-t-elle d'obédience communiste!
On pourrait continuer comme ça en disant que Mélenchon est un produit du système qu'il dénonce (n'a-t-il pas été sénateur et même ministre?), qu'il joue sur les peurs des gens et promet une France qui n'existe plus et qui n'est pas prête de se relever.
On devrait surtout retenir de ces bons sondages pour Mélenchon que LE peuple a besoin de rêver. Certes, moi aussi, j'ai besoin de rêve, mais pas de Messie. L'homme providentiel, fusse-t-il à l'UDB, je n'y crois pas. Et Mélenchon n'aura pas ma voix. Comme je sais qu'il aura celle de personnes que j'apprécie, je tiens malgré tout à dire que ce n'est pas eux, ni leur engagement que je dénonce, mais l'homme qui les porte. Le Christ avait lui aussi un message révolutionnaire: le Pardon! Si lui peut le faire, j'en ferais autant...