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PS et «pulsion de mort»

Publié le 28 mars 2012 par Vogelsong @Vogelsong

“La mort s’est détachée comme un fruit sec de l’arbre des dieux défunts” R. Vaneigem in “Adresse aux vivants”

Le PS est animé par une pulsion de mort.

Au risque de décevoir, mais dans un souci de transparence, il faut comprendre que l’expression “pulsion de mort” dans son acceptation la plus élémentaire, traduction de l’anglais “deathwish”, dérivé de l’allemand ”Todeswunch”, et que l’on pourrait définir ainsi : une pulsion suicidaire qui pousse certains individus à se mettre régulièrement en situation de danger.

PS et «pulsion de mort»Vu de l’extérieur (du PS, de la France), il me semble évident que le PS français est animé par une telle pulsion. Malgré la brutalité et l’incompétence de ses concurrents de droite, il reste obstinément aux portes du pouvoir.

Il se fait doubler par le FN en 2002, mais n’en tire aucune leçon. En 2007, il savonne la planche à Ségolène Royal, femelle iconoclaste et illégitime. Il enfonce le clou au congrès de Reims. En 2011, il place DSK sur la rampe de lancement, malgré le risque important d’explosion en vol.

Retour en 2008. On s’émerveille devant l’ascension fulgurante, puis la victoire d’Obama aux États-Unis, mais aveuglés par son étasunisme d’apparence africaine, on passe à côté de l’essentiel. Voilà un type jeune, beau, fougueux, dynamique, éloquent, conquérant, qui bouscule le statu quo de son parti, les codes de la politique, etc.

En 2011, lors de la primaire socialiste, les candidats jeunes, beaux, fougueux, dynamiques, éloquents, conquérants et bousculants ont certes rencontré un beau succès d’estime, mais à la surprise de personne, le second tour a opposé deux apparatchiks de longue date du parti.

Vous avez dit pulsion de mort ?

Comme Jospin en 2002, le programme de Hollande dix ans plus tard se résume en creux à “vous n’allez pas réélire l’autre taré quand même ?!”. Sur le front des idées, il nous promet de l’austérité, mais mieux répartie (l’austérité juste ?). Sur le front de l’image, ces discordances prennent corps dans les fluctuations pondérales du candidat.

Mais peu importe. Le PS se mérite. Le PS veut être aimé inconditionnellement. Pour ce qu’il est, même s’il ne sait plus qui il est lui-même.

L’argent, la réussite, le business, l’économie de marché, la concurrence libre et non faussée ne sont pas des valeurs de gauche, mais ces valeurs n’ont jamais eu de meilleurs agents et promoteurs que les sociaux-démocrates, de Clinton et Blair à Schröder, Zapatero, Papandréou, pour ne pas citer nos socialistes bien de chez nous.

Chemin faisant, cette gauche doit bien avoir conscience qu’elle y a laissé des plumes en perdant son âme, ou du moins son sex-appeal.

Et pour aggraver sa crise d’identité, la Crise, justement, vient démontrer cruellement que ce système qu’elle a géré avec infiniment plus de compétence que la droite était en fait miné de l’intérieur.

Alors pétri de doutes et de contradictions (face à une droite pétrie de certitudes), le PS veut-il vraiment gagner ? S’il gagne sur sa droite, il entérine la perte de son âme, mais pour gagner à gauche, il doit se repentir et se réinventer du tout au tout, tâche titanesque.

Est-ce pour cela que le PS semble tétanisé, et incapable de saisir tous les bâtons que la droite lui tend pour se faire battre ?

Est-ce pour cela que son discours est inaudible et son image si trouble ?

Ou est-ce pour le coup une manifestation plus inconsciente d’une pulsion de mort de nature freudienne ? Pour simplifier allègrement, Freud identifie la pulsion de vie (survie, reproduction, sexe et autres pulsions créatives) et la pulsion de répétition, qui ont pour fonction de réduire la tension. Il leur adjoint plus tard, presque la mort dans l’âme si l’on peut dire, la pulsion de mort, désir de revenir à un état antérieur inorganique, par définition de tension zéro ou de repos ultime.

Les idéalistes préfèrent voter pour des gens animés par une pulsion de vie, mais à défaut, il faut avouer que cette pulsion de mort (au sens freudien ou ricain) qui ronge le PS est finalement une expression de ce qu’il a de plus humain, de plus humainement fragile, ce qui éveille une certaine empathie, et le rendrait sympathique s’il n’avait pas vocation (à son corps défendant) à gouverner le pays.

sknob – 27 mars 2012  -Paris


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