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Confusions ou flottements chez Sarkozy.

Publié le 28 mars 2012 par Letombe
Confusions ou flottements chez Sarkozy.

La semaine prochaine, peut-être, le programme de Nicolas Sarkozy sera dévoilé. On évoque un document de campagne de 16 pages. La pression devient forte. La confusion aussi. Pourquoi donc le Monarque rechigne-t-il tant à dévoiler l'entièreté de ses propositions et leurs chiffrages, à l'instar de tous les autres candidats ?
Au sein du camp Sarkozy, on était déçu. L'affaire Merah semble avoir peu d'impact sur la campagne, 5 jours après la mort du terroriste. Mardi matin, Nicolas Sarkozy a pu remonter sur son estrade pour protester contre le père de Mohamed Merah. Ce dernier allait porter plainte contre la France car son fils avait été tué. L'homme débloquait sans doute et Nicolas Sarkozy a dit tout haut ce que tout le monde pensait tout court. Il était inutile d'en rajouter.
Il s'est alors passé quelque chose d'étrange, comme un flottement. Quelques ténors de la campagne Sarkozy semblaient confus ou hésitants et apparemment sans raison.
Alain Juppé, sur RadioClassique, commit un joli lapsus sur la candidature de Nicolas Sarkozy: « On pensait il y a quelques mois que Nicolas Sarkozy ne serait pas présent au second tour, euh ... au premier tour, ... euh, au second tour ! »
Au même moment sur France Culture, Henri Guaino s'énervait à nouveau contre un contradicteur. Il n'avait pas apprécié une chronique matinale de Marie Darrieussecq qui rappelait le fameux discours de Dakar. Il traita ces propos de grossier et d'inconvenant. L'homme était surpris que l'émission fut si mal contrôlée: « Si j'avais su, je serai pas venu », a-t-il déclaré.
Mais le plus drôle fut atteint, ce mardi matin sur Europe 1, par Jean-Louis Borloo. Il voulait « peser » sur la campagne de Nicolas Sarkozy: « à côté de la France forte, il faut la France juste ». Il espérait que le candidat sortant intègrerait une proposition sur le sauvetage scolaire des quelques 100.000 enfants qui « sortent du primaire sans avoir les acquis fondamentaux ». Fichtre ! Mais qui est président depuis 5 ans ? Qui gouverne depuis 10 ans ? Borloo, qui a quitté le gouvernement depuis que Sarkozy lui a préféré Fillon en novembre 2010, a beaucoup d'idées. Débranché de toutes velléité électorale par Nicolas Sarkozy en septembre dernier, le président du Parti Radical cherchait comment rebondir. Alors il s'agite comme il peut.
« Nous avons travaillé ce week-end sur ce programme pour les enfants » expliqua-t-il. En quoi consiste-t-il ? Borloo a faiblement précisé l'idée, évoquant, pour chacun de ces 100.000 enfants, « un modèle spécifique de soutien scolaire» ... « Moi, je veux une réponse massive, opérationnelle, le soir à partir de 16h30, avec les enfants, avec les mamans, avec des profs spécialisés !» Au journaliste qui s'inquiétait de sa présence éventuelle le soir même au meeting de Nicolas Sarkozy à Nantes, l'ancien vrai-faux dissident de Sarkofrance répondit qu'il attendait de voir si Sarkozy reprendrait son idée... avant de convenir qu'il y participerait... Quel soutien !
Le candidat sortant tenait meeting à Nantes. Il visita Guérande, accompagné de Jean-Louis Borloo, Christine Boutin, Rachida Dati et Bernadette Chirac. Là aussi, il y eut comme un flottement. Mme Chirac expliqua qu'elle était « une militante du sarkozysme ». A 650.000 euros de revenus annuels chez Bernard Arnault pour quelques maigres réunions par an, elle pouvait avoir le militantisme actif.
Il était énervé par la une du Monde, barrée d'un titre ravageur («l'affaire Bettencourt se rapproche de Sarkozy »): «Pas de commentaire, 'Le Monde' fait la campagne de Francois Hollande » a-t-il lâché. Sans doute préférait-il celle de Ouest-France, avec une interview exclusive. Certains de ses propos étaient assez inconvenants, comme sur la banlieue: « Les quartiers, aujourd’hui, sont plus sûrs, plus agréables à vivre, moins éruptifs qu’il y a 10 ans. ».
Sur son programme, il resta étonnamment flou « Mon projet, c’est de dire aux Français : vous avez besoin d’être protégés. Et pour être protégés, il faut que votre pays soit fort, en remboursant ses dettes ».
Sur le chiffrage, le flottement était palpable. Ainsi, sur les fameux 70 milliards d'euros d'économies qu'il espère faire en 5 ans: « Sur les économies, je continuerai à réduire le nombre de fonctionnaires ; je n’accepterai pas qu’on touche à la réforme des retraites et nous soumettrons les grosses collectivités territoriales à un effort d’économies ».
C'était tout. Sarkozy dénonça un blocage de la distribution du quotidien par la CGT. Nous cherchions de quoi il parlait. Le journal était parfaitement lisible pour qui voulait.


Sur l'estrade, Sarkozy eut peu d'annonces nouvelles. « pour gagner une élection présidentielle, il faut être porté par une vague qui vient des profondeurs du pays ». Il se prenait pour le tsunami de Fukushima.
Il fit mine de reprendre à son compte l'une des propositions de Jean-Louis Borloo, pour aider les enfants en difficulté en maternelle et en primaire, avec la création de conseils de soutiens: «Pour aider ces milliers d'enfants en difficulté qui, faute d'attention, deviennent des enfants en perdition, Jean-Louis Borloo propose de créer des “conseils de soutien” regroupant tous ceux qui peuvent venir au secours des écoliers en très grande difficulté et de leurs parents désemparés». Il promit de l'argent, mais sans dire combien, « pour sauver les enfants en péril » et embaucher des spécialistes: « Ces 'conseils' seront dotés d'une enveloppe de crédits qui leur permettra de financer l'intervention des spécialistes ».   Quant au financement, le candidat le précisera « ultérieurement », confièrent quelques conseillers à des journalistes.. Des conseils de soutien pour 100 à 200.000 enfants par an ? Combien de professeurs le Monarque allait-il concéder à allouer à l'opération Borloo ? On pouvait douter. En 2009 déjà, le Monarque avait transformé les cours du samedi matin en aide personnalisée pour les élèves du primaire en difficulté. Il y avait aussi l'accompagnement éducatif, un dispositif volontaire instauré dès septembre 2007
Même le Figaro reconnut que Sarkozy « avait sous-estimé jusque-là » cette «bataille du primaire ». Quel aveu... Le Monarque découvrait donc, il le fallait, il lui fallait le soutien de Jean-Louis Borloo: «Plus tôt les problèmes sont repérés et traités et plus il a y a de chance que l'enfant n'accumule pas des retards qui, à la longue, deviennent irrattrapables».
Il répéta qu'il voulait généraliser l'introduction des jurés populaires dans les tribunaux correctionnels pour les les violences aux personnes. « Je suis conscient que ce sera une révolution, mais c'est la seule condition pour que le justice retrouve la confiance. »
Il répéta aussi qu'il « faudra dix ans de présence sur le territoire à un étranger pour bénéficier du minimum vieillesse ». La condition ... est déjà en place depuis 2005.
Sarkozy flottait, comme une partie de son équipe ou de ses soutiens.
C'était curieux.


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