There will be blood : fresque tétanisante

Par Vance @Great_Wenceslas

 

5/5

A la fois fresque ambitieuse dans sa démesure et monstrueusement posée dans sa réflexion, There will be blood s'impose dès son hypnotique introduction comme l'un des grands fleurons du cinéma américain intellectuel contemporain. On n'en fera pas le nouveau Citizen Kane, mais il reste que sa mise en scène (érigeant la caméra comme observateur participant d'évènements captés à l'aide d'insistants plans séquences), sa photo à la fois léchée et naturaliste, et ses accès dantesques de direction artistique, produisent un film étudié et pensé comme véritable objet de cinématographie, d'un abord délicat et pas forcément évident.

 

Lente, dense et complexe, l'œuvre s'affirme comme l'étude acérée et d'un crescendo maladif de deux obsessions, deux regards sur deux natures humaines acharnées, sauvages et immondes. Daniel Day-Lewis hypnotise, fascine, émeut, dégoute : le jeu d'amour/haine face à sa Créature en fait un diable bien humain. Constamment sur la corde raide du Grand-guignol, il termine sa danse décadente sur un quasi monologue figé en radical tomber de rideau. Personne n'en ressort grandi, comme assourdi par cette musique alerte, ses sons raréfiés pour laisser place à la théâtralité des dialogues, aussi bien les personnages que les spectateurs mais, après 160 minutes de génie, on se surprend à laisser son esprit se balader au rythme de plans tétanisants et d'un art cinématographique digne des grands monuments qu'a pu compter le médium depuis sa création.


There will be blood


Mise en scène 

Paul Thomas Anderson

Genre 

Drame

Production 

Miramax

Date de sortie France 

27/02/2008

Scénario 

Paul Thomas Anderson & Noah Bombah d’après Roald Dahl

Distribution 

Daniel Day-Lewis, Ciaran Hinds, Paul Dano & Kevin J. Connor

Durée 

158 min

Support 

DVD Paramount zone 1 (2008)

Image 

2.35 :1 ; 16/9

Son 

VOst DD 5.1

Synopsis Lorsque Daniel Plainview entend parler d'une petite ville de Californie où l'on dit qu'un océan de pétrole coulerait littéralement du sol, il décide d'aller tenter sa chance et part avec son fils H.W. à Little Boston. Dans cet endroit perdu où chacun lutte pour survivre et où l'unique distraction est l'église animée par le charismatique prêtre Eli Sunday, Plainview et son fils voient le sort leur sourire.


Même si le pétrole comble leurs attentes et fait leur fortune, plus rien ne sera comme avant : les tensions s'intensifient, les conflits éclatent et les valeurs humaines comme l'amour, l'espoir, le sens de la communauté, les croyances, l'ambition et même les liens entre père et fils sont mis en péril par la corruption, la trahison... Et le pétrole.