L'application pour Mac de cette dernière est très proche, par ses fonctions et sa conception graphique, de celle qui est déjà disponible pour tablettes, dont elle reprend d'ailleurs le nom, İşPad. Les services qu'elle inclut sont résolument classiques : consultation des comptes et des transactions, virements et paiements, simulateurs de crédit... ainsi qu'une importante section, particulièrement riche et très visuelle, consacrée à la bourse.
Elle présente tout de même une particularité notable : quelques-uns des services proposés sont accessibles aussi aux non-clients, dont les simulations de crédit et, surtout, l'ouverture de compte "immédiate". Il semble d'ailleurs que d'autres produits, cartes de crédit par exemple, puissent également être souscrits directement depuis İşPad.
A voir les déclinaisons plus ou moins exotiques de ses applications, notamment pour Smart TV ou pour la tablette PlayBook de RIM (probablement un autre cas unique, même s'il s'agit d'une adaptation de la version Android), il est aisé d'imaginer que la stratégie d'İşbank est d'occuper tous les médias.
Mais dans un contexte plus "objectif", la pertinence de cette initiative pour Mac peut légitiment être questionnée à l'ère des applications web riches (dont HTML5 nous promet même pour bientôt la compatibilité universelle). Les technologies modernes permettent en effet d'offrir la même qualité d'interaction dans un navigateur web que dans une application "native". Pourtant, pour aussi peu rationnel qu'il soit, l'engouement qui a saisi les propriétaires d'iPhone, puis d'autres smartphones et de tablettes, pour les AppStores n'a finalement aucune raison de ne pas gagner le monde des micro-ordinateurs.
Avec la multiplication des systèmes et des boutiques logicielles, (presque) tous incompatibles les uns avec les autres, une telle perspective est une mauvaise nouvelle pour toutes les entreprises qui doivent assurer une présence en ligne aussi large que possible pour toucher leur clientèle là où elle se trouve. Elle va conduire mécaniquement à un accroissement des coûts de développement et à une dispersion des efforts, préjudiciable à la qualité et à la variété des services offerts.
Il reste donc à espérer que la vogue actuelle des AppStores est passagère, disparaissant logiquement quand les écosystèmes d'applications web (HTML5) auront trouvé leur place sur mobile et sur PC. Encore faudra-t-il que les Apple, Microsoft, Google et autres acceptent d'abandonner (pour partie au moins) la position privilégiée qu'ils sont en train de gagner dans la distribution de logiciels avec leurs approches propriétaires. La lutte pour l'indépendance risque d'être âpre... Et, en attendant, la question du développement d'applications pour "tous" les systèmes va se poser avec insistance.