J’ai l’amertume en travers de la gorge. Ça avale croche et ça donne plutôt envie de cracher. Toutes ces rencontres refusées sans compter celles franchement ratées (que j’aurais dû refuser). Ces invitations suggérées mais qui n’ont jamais pris forme avant qu’un des deux s’épuise et disparaisse. Toutes les fois où ma petite voix m’avait mise en garde mais que je n’ai pas eu envie de l’écouter.
On m’aborde et je deviens méfiante, indifférente, aigrie. Pourquoi encore essayer? Je me sens comme un col bleu dans la tempête : pourquoi pelleter? Ça sera à recommencer demain.
Je ferme les rideaux et tamise les lumières. Je m’exile, me terre, m’exclue du marché. Je devrais m’acheter un chat. Ou deux. Ou trois. Vivre une relation hyper malsaine avec des félins ou des poissons. Leur trouver des noms et dire à qui voudra l’entendre que EUX, ils ne me quitteront jamais… jusqu’à temps qu’un chat disparaisse par la porte patio et ne revienne jamais. J’ai eu un chat mais je l’ai donné; je ne le supportais pas et c’était réciproque. J’ai eu un poisson, mais il est mort après 2 mois. Je devrais me mettre au tricot, aux confitures maisons, aux leggins et au scrapbooking.
Rien à faire. Je vais rester seule. Je profite de mon malheur (le malheur, ça accroche le lecteur) pour vous poser une question d’intérêt public : Est-ce qu’on a le droit de demander à un amant d’être exclusif? Quelque part, on devrait pouvoir exiger à peu près n’importe quoi à la personne à qui on s’offre (à lui d’accepter ou pas, tant qu’il ne se choque pas). Mais n’est-ce pas un peu cruel de demander l’exclusivité à un homme pour lequel on n’aura jamais de sentiment? D’un côté humaniste, c’est faire de la rétention d’un bon prospect pour les autres filles. D’un autre côté, on n’a pas nécessairement envie de devenir « sœur de sexe » (j’épagne vos oreilles ici) avec toutes les filles de son entourage… On a beau être la bonne copine sympa, on aime pareille se sentir exceptionnelle non?