Petite soirée entre potes amateurs de vin, petit moment de pause histoire de mettre en suspend le rythme du quotidien. Alors du coup on se fait plaisir, on traine dans une valeur sûre de Paris, un lieu qui serait un peu le Disneyland du vin nature, une rue, que dis-je 2 numéros de rue, où le temps s’arrête… du moins c’est ce qui s’est passé pour nous !
Le Garde Robe, Racine 2… et Rayas
Après avoir gouté la toute dernière cuvée de Raphaël Monnier rentrée chez Amicalement Vin, un très joli Savagnin ouillé, nous voilà partis pour la rue de l’arbre sec. Là, accueil toujours aussi chaleureux par l’équipe du Garde Robe et paf on lance les hostilités…
- « Alors qu’est-ce qui vous ferait plaisir ? »
- « Bein on sait pas là… t’as quoi ? »
- « Tenez goutez ça, j’adore et c’est même pas ma cuvée préférée chez lui ».
Le verre se rempli, au nez c’est Chardonnay, c’est frais, ça file tout droit…
- « c’est 2010 ? »
- « Ouais »
- « On est pas à Chablis… »
- « Non »
- « Bein ça ressemble à un mec qui bosse proprement, y a pas un pète de jeu, c’est beau, c’est quoi ? »
- « Pouilly Fuissé, Bruno Perraud et son Saint-Véran est à tomber »
Ah ça pouvait pas mieux commencer… puis notre troisième larron arrive.
- « Bon les gars j’ai envie de Syrah ! Va pour une Côte-Rotie 2009 de Jean-Michel Stephan ? »
- « Ok ! »
- « Bon c’est un peu un infanticide, on sent bien qu’il est pas prêt… même si la syrah s’exprime bien (nez olive, violette), le vin est loin d’être détendu (les tannins sont serrés et droits) »
Dommage mais ça n’empêche que Stephan c’est bon !
- « Bon les gars on y va, y a de la route ! »
10 mètres plus loin nous voilà chez Racines 2, accueillis comme des rois par la sommelière Emilie et un verre de Bubulle de Lise et Bertrand Jousset.
- « Bon les gars, j’ai choisi les vins, vu que vous étiez parti »
- « t’as bien fait t’as pris quoi ? »
- « un Chablis de De Moor pour commencer »
- « nickel ! »
- « une surprise pour la suite… c’est dans la carafe ! »
Après un rapide coup d’œil à la carte des vins…
- « nan t’as pas fait ça… »
- « bein je crois que si ! »
- « Rooooo Rayas 2006 ! C’est ça ! Sent moi ça ! »
- « Bon, ok ! »
A partir de cet instant le temps s’est suspendu ! Le De Moor nous a comblé, comme toujours. Ce domaine est une vraie valeur sûre, ça fait plaisir de trouver des vignerons qui font propre, bon et régulier : un peu comme Foillard dans le Beaujolais ou Ganevat dans le Jura. On est très rarement déçu (pour ne pas dire jamais !).
Puis viennent la viande et Rayas…. Elles sont rares les fois où j’ai croisé Rayas, en fait c’est la deuxième ! Encore une que je suis pas prêt d’oublier.
La première était un millésime atypique, une couleur grenadine, une matière totalement dépouillée, un vin construit sur une belle acidité… c’était un 2002 et j’ai adoré. Et là ce 2006 fût juste merveilleux. Comment un vin si jeune peut déjà avoir autant de présence, être si séduisant, complexe, envoûtant. Il avait tout : un beau fruit croquant, bien dessiné, une fraicheur insolente, une évolution aromatique sur la truffe qui apportait une belle complexité, des tannins ultra raffinés. Et puis surtout il avait ce truc des grands, ceux qui sont un peu à part, ce supplément d’âme, celui qui coupe les conversations puis rend bavard, celui qui donne l’impression de vivre un moment unique… il a été à la hauteur de sa légende… comme Zidane un soir de juillet 1998 !