Selon une étude publiée par l'association UFC-Que Choisir, l'eau du robinet en France n'est pas tout à fait transparente : deux millions de personnes souffrent de pollutions ponctuelles ou régulières.
Certes 97,5% des Français ont accès tout au long de l'année à une eau de bonne qualité. Mais que faire pour les deux millions de consommateurs restant qui ne bénéficient pas d'une eau conforme aux critères réglementaires ? C'est la question que soulève une étude de l'UFC, publiée en début de semaine dernière. L'association de consommateurs s'appuie sur une enquête qu'elle a menée à partir des résultats d'analyses du ministère de la Santé sur deux ans. L'évaluation de la qualité de l'eau s'appuyait sur la qualité bactériologique, la teneur en aluminium, la radioactivité, la présence de pesticides, de nitrates et de sélénium.
Résultat : ces facteurs de pollution touchent en tout et pour tout " 1.500 communes et 500.000 consommateurs ", indique l'UFC qui met à disposition des internautes une carte de la France détaillée. "Le cocktail des principaux polluants décelés (pesticides, nitrates, sélénium) met en évidence les graves menaces que la pression agricole fait peser sur la ressource", déclare l'association dans son rapport. En effet, selon elle, l'agriculture intensive est la principale responsable de la pollution de l'eau, à hauteur de 70%. Les contaminants dont elle est à l'origine sont dans une plus grande proportion les pesticides, puis les nitrates, principale cause de fermeture des captages (points d'extraction d'eau). A ce titre, l'UFC rappelle que la France fait actuellement l'objet de poursuites de Bruxelles pour son incapacité à lutter contre cette pollution et le non respect de la directive européenne.
Le Nord de la France particulièrement touché
Les départements les plus touchés par la pollution en générale se trouvent ainsi "dans les zones où l'agriculture est la plus intensive: Bassin Parisien* (Eure-et-Loir, Loiret, Seine-et-Marne, Yonne), le Nord (Pas-de-Calais) et la Champagne (Marne, Aube)". L'UFC soutient à ce titre que l'utilisation de pesticides dans l'agriculture "n'a pas diminué en 10 ans".
L'association ne se contente pas de dénoncer et émet plusieurs requêtes auprès des pouvoirs publics. Elle réclame ainsi une protection efficace de tous les sites de captage d'eau potable ainsi qu'une application du principe constitutionnel pollueur-payeur dans le domaine des pollutions agricoles. Enfin, elle demande à ce "les aides de la politique agricole commune (PAC) soient réservées aux modes de production s'inspirant des agricultures intégrées et biologiques".
Espérons toutefois que cette alerte n'entrairera pas une hausse vertigineuse des ventes d'eau minérale en bouteille, dont l'impact sur l'environnement a été maintes fois dénoncé.
* Une autre étude publiée vendredi dernier par Eau de Paris montre que l'eau du robinet de Paris est consommée par près de 80% des foyers de la capitale.
Olivia Montero