Tentative de téléportation !

Publié le 27 mars 2012 par Gentlemanw

Je vivais au XXIe siècle et les années passaient depuis ma premier lecture des comics américains, avec les super-héros et leurs pouvoirs magiques. Aujourd'hui je voulais essayer enfin cette nouvelle fonction, récemment accessible de transfert instantané d'une endroit à un autre.

Une motivation particulière pour cette expérience ? Etre plus près d'elle, rapidement, là, maintenant.


J'avais franchi la porte de ce magasin qui ne vendait plus de téléphone multifonctions, trop démodés car la technologie avait été greffé dans les doigts et les oreilles des derniers mutants, ne laissant que quelques humains sans contacts, sans communication. Ceux-ci vivaient comme moi, avec un vieux PDA du début des années 2000, fonctionnant ancore avec des batteries, de l'électricité, et pire encore avec un clavier et un écran. Pas de module rétinien intégré. La préhistoire pour mes enfants, mais j'aimais une autre époque, plus ancienne, le paléolithique de la mode. Ma passion pour les années Glamour, les années 50 et 60, avec quelques villes encore dans ce style, reconstruite comme des musées pour laisser libre cours à des nostalgiques du néo-rétro. Dans cette ville, dans cette galerie commerciale plus exactement, on trouvait des gaines, des lingeries affriolantes, des porte-jarretelles, des attaches en métal, nombreuses, au minimum de 6 pour tenir de réels bas vintage, des bas nylon. Ahhh les générations multimédias boudaient ce lieu, à leur yeux, plein de poussière.

Mais nous, une communauté réunie sous la signe de la Féminité, de la Lingerie et de la Volupté, nous fêtions le plus souvent, chaque jour parfois, la finesse du voile de nylon, ces quelques grammes de vapeur tissée sur les jambes. La couture jouait la verticalité d'un revers horizontal, elle domptait les regards et nous emmenait dans un cinéma en noir et blanc.

Alors aujourd'hui je testais le moderne, la téléportation, loin de mes standards de rêve, mais une liberté interessée, aller vers elle, le plus vite possible.

Le processus commençant par ma carte de crédit, puis expliquée par une voix de robot automatique m'avait fait asseoir sur ce siège en forme de macaron géant. Lumières, sons stridents, maîtrise de soi, dématérialisation de moi, voyage et souffle coupé, quelques secondes. J'étais devenu des particules, je voyageais dans les fibres optiques, sans ciel, entre deux paquets d'internet, des publicités et des spams, je devenais immatériel.

Là enfin la lumière, coupure électrique, non lumière soudaine, je me réagrégeais par petits bouts, une matière informe, un corps, un peu de moi, mes deux mains, mes yeux. Un écran bleu signalait un bug. Plus rien, processus de téléportation avorté, personne pour débloquer ce transfert, pour presser la touche "enter" pour continuer.


Et moi, je suis là, partiellement près d'elle, près de vous, en quelques mots, dans son bureau, elle va rentrer, arriver comme chaque matin, tôt, très tôt. Elle grimpera l'escalier, jetant un oeil sur l'atelier encore silencieux. Elle ajustera ses jarretelles après avoir posé son sac derrière elle, lançant la machine à café, allumant son ordinateur. Elle troussera sa jupe légère d'été, fleurie, reprenant cette couture sur bas opaque, une folie vintage récemment achetée sur le net. Le soleil pas encore levé, brillera malgré tout dans ces yeux noirs, son émotion d'être femme, si glamour, son premier plaisir du matin, avant le rush du business. Ses cheveux courts, noirs aussi forts que la sourire qui enchante ses rires, ses soupirs.

Alors si aujourd'hui elle lève les yeux vers le centre de son bureau, elle constatera que la téléportation n'a transferé qu'une partie de ma surprise : mes mains, qu'elle connaît car un jour elles ont sagement rattaché ses jarretelles, dans un chaleur torride, près d'un métier à tisser les bas nylon, mes yeux qui lui ont souri, l'ont rassuré, et ont écrit un début d'amitié, et puis un gâteau d'anniversaire.

Bon anniversaire à ma première lectrice du matin, dès les premières lueurs du jour, j'ai publié plus tôt ce matin, pour toi d'abord, puis pour les anges, pour les copines, les amies.

Mille sept cent bises de la part de toutes les lectrices qui liront cet article, chère Cassiopée !

Nylonement

Gentleman W