Salle 5 - vitrine 4 ² : les peintures du mastaba de metchetchi - 31. de l'apport des vases d'huiles rituelles

Publié le 27 mars 2012 par Rl1948

   Samedi dernier, j'avais abordé avec vous, amis lecteurs, la "pancarte" - également nommée "menu" par certains égyptologues - qu'à l'Ancien Empire notamment, tout défunt désirait voir figurer dans sa tombe espérant, grâce aux offrandes citées, vivre au mieux son éternité dans l'Au-delà. 

   Constatant qu'ici même, en salle 5 du Département des Antiquités égyptiennes du Musée du Louvre, la vitrine 4 ² ne proposait qu'une partie de celle de Metchetchi, j'avais jugé opportun de me référer au texte gravé verticalement sur le panneau latéral gauche de la stèle-chapelle (E 14184) de Ky et de son épouse Zatchedabed

que je vous avais invités à monter découvrir dans la galerie d'étude n° 1 de la salle 22, pour évoquer l'apport des huiles rituelles dont, traditionnellement, il est fait mention de la troisième à la neuvième colonne (ou case) de la liste des offrandes. 

   Si donc sur celle de Metchetci, incomplète parce que partiellement endommagée, ne figure pas le début des inscriptions qui auraient pu nous renseigner, en revanche le fragment E 25526, de 44 cm de haut et 37, 5 de long, nous donne à voir quatre porteurs de vases pareillement vêtus d'un pagne court, dont les textes qui les précèdent permettront d'en partie éclairer mon propos de ce matin.    

 

   (Merci à SAS, conceptrice du blog Louvreboîte, pour l'extrême gentillesse avec laquelle elle a réalisé les deux clichés ci-dessus à mon intention.)

     Encadrés par une frise verticale constituée de rectangles colorés ne subsistent que deux registres dont celui du dessus, partiellement détruit, nous a simplement conservé les personnages à partir de la poitrine, de sorte que nous pourrions ignorer le geste qu'ils accomplissent.

   Mais comme il appert, à la lecture des hiéroglyphes colorés relativement bien conservés devant eux, - et que vous remarquerez absolument identiques de gauche à droite, mais différents si vous les envisagez de haut en bas -, qu'est évoqué un même produit, vous ne pouvez qu'admettre que ces quatre serviteurs participaient d'un même rite, celui d'apporter des huiles destinées à oindre le défunt.

   Deux seulement sont ici mentionnées, mais à deux reprises : hatet âsh, au registre supérieur : huile de cade de première qualité et hatet tchehenou, au registre inférieur : huile libyenne de qualité supérieure.

   Ces porteurs de vases faisaient vraisemblablement partie d'un groupe d'hommes présentant les sept huiles canoniques ; à moins que, par manque de place dans la pièce, le défunt n'ait souhaité que ce quatuor symbolisât seul l'ensemble de l'offrande.

   Sous le règne du même roi Ounas que servit Metchetchi, vécut un très haut-fonctionnaire palatial, Nyânkhnefertoum, dont le complexe funéraire a été mis au jour en 1997 par la mission polonaise de fouilles à Saqqarah que conduisait le Professeur Karol Myśliwiec.

   Pour son site OsirisNet, Thierry Benderitter eut, en compagnie de l'égyptologue polonais en personne, l'extraordinaire opportunité de visiter cet ensemble désormais fermé au public. Et d'y découvrir entre autres, sur le mur ouest de la chapelle n° 15, la présence de trois fausses-portes - ce qui n'est pas un cas unique dans la nécropole memphite -, dont la dernière,

sur la partie droite du mur par rapport à l'entrée, côté nord donc, vous intéressera au plus haut point.

     D'abord, par l'extraordinaire conservation de la presque totalité d'une polychromie intense dominée par différents bleus.


   Ensuite parce que les bordures encadrant le monument devant lequel a été judicieusement replacée la table d'offrandes déclinent toutes deux la thématique des huiles rituelles.

   A gauche, posés sur une table basse noire - ce qui, selon la codification en vigueur, signifie qu'elle était en bois -, quelques vases de forme et de nombre différents selon les registres mais semblables quant à leur aspect général puisque tous sont bleus et mouchetés de noir, exactement comme sur le fragment (E 25526) de Metchetchi.

   Tous aussi, pour une meilleure compréhension qui ne peut que nous être profitable, sont surmontés de l'appellation du produit qu'ils contenaient à l'origine :


  trois récipients avec de l'huile setchi-heb, que l'on a pris l'habitude de traduire par "parfum de fête" ;

  trois autres avec de l'huile hekenou, ce que les égyptologues rendent en français par "huile de louange" ou "huile de jubilation" ;

  deux cette fois avec de l'huile de cade (sefetch) ;

  puis, pour terminer, au dernier registre moins bien conservé, deux vases avec de l'huile ny-khenem.

   Sur le montant droit, ce sont quatre serviteurs qui se dirigent vers Nyânkhnefertoum, portant tous un vase contenant également, à tout le moins les trois premiers, des huiles essentielles autres que celles de la nomenclature de gauche :

huile touaout, pour le personnage conservé au registre supérieur ;

huiles hatet-âsh pour le deuxième

et tchehenou pour le troisième.

   Quant au dernier serviteur, c'est non pas une huile mais de l'onguent merehet qu'il présente à son maître.

     Mais à quoi ces huiles servaient-elles réellement ?

Et de quoi étaient-elles véritablement composées ?

   Voilà ce que je me propose de vous expliquer, amis lecteurs, lors de notre dernier entretien du 31 mars prochain, avant de tous nous égailler dans la nature des vacances scolaires belges de Printemps.

   A samedi ?

      

(Capart : 1907, 48 ; Ziegler : 1990, 64 et 126)