Le dernier numéro du très sérieux Wired, magazine spécialiste du numérique et du 2.0 aux US, consacre sa une à un sujet qui a toujours eu le vent en poupe de l’autre côté de l’atlantique: la surveillance du territoire. Ainsi, on y apprend que la NSA ( National Security Agency ) serait en passe de construire le plus grand datacenter du monde, offrant des possibilités presque infinies dans la surveillance des réseaux internet, mobiles et des télécommunications en général … Mais l’outil ne fait pas tout, il faut encore savoir l’utiliser. Dès lors, lorsque les agents des services d’intelligences recherchent des cibles bien précises, ils ont des profils en tête, des mots clés, des procédures pour détecter ce qui sort de l’ordinaire. Mais que se passerait il si le danger venait d’un seul coup de là ou on ne l’attend pas ?
C’est de ce postulat de départ que sont partit les scénaristes de la série Homeland. Pour résumer brièvement, l’intrigue suit Carrie Mathison, un officier de la CIA qui, après avoir effectuée une opération non autorisée en Irak, est mise en probation au Centre antiterroriste de l’agence. En Irak, Carrie a été avertie par un informateur qu’un prisonnier de guerre américain avait rejoint les rangs d’Al-Qaïda. Dès lors, quand elle apprend que Nicolas Brody, un sergent des Marines américains qui avait été rapporté disparu depuis 2003, a été libéré lors d’un raid de la Delta Force sur une position terroriste d’Abu Nazir ( l’ennemi public numéro un ) , elle en vient à croire que Brody est l’agent double en question.
Toutefois, le gouvernement fédéral et ses supérieurs à la CIA considère Nicolas Brody comme un héros de guerre. Conscients qu’il serait presque impossible de convaincre son patron de le placer sous surveillance, Carrie se rapproche de la seule autre personne, dont elle peut faire confiance, Saul Berenson. Les deux doivent maintenant travailler ensemble pour enquêter sur Brody et empêcher une autre attaque terroriste sur le sol américain.
Disons le de suite la série surfe bien évidemment sur le traumatisme et les fantasmes nourries par notre période post « 11 septembre ». Mais là où la série marque sa différence c’est qu’elle ne tombe jamais ni dans la facilité, ni dans les clichés sur le Moyen-Orient ou plus globalement les musulmans. Il est étrange de voir comment un américain héros de guerre peut représenter le piège idéal pour un pays qui idôlatre les personnages fabriqués par les médias. Ainsi ce monsieur parfait n’aura pas de mal à se faire bien voir de tout un pays en attisant de fait l’intérêt des politiques. Et même si la situation de départ ne semblerait pas laisser beaucoup de voilures au scénario, on se surprend par l’originalité du déroulement des épisodes, avec des rebondissement de situation jamais convenus et faisant souvent mouche.
De plus le casting est finement servi, avec un Damian Lewis qui ne finira jamais d’exceller dans les rôles de militaire ( après la fantastique mini-série Band of Brothers qui rafla 22 récompenses en 2001 ). C’est justement son côté héroïque aux yeux du spectateur qui lui permet à merveille de rentrer finement dans la peau de se personnage qui n’est pas celui qu’il dit être. Claire Danes ( les Quatre Filles du Docteur March, Roméo + Juliette, L’idéaliste, … ) ajoute au sérieux de la série et est tout simplement parfaite en agent surmené et bourreau de travail. On notera la belle performance de Mandy Patinkin ( Esprits criminels, Dead Like Me ) dans le rôle de Saul Berenson, le vieux de la vieille et le mentor de Carrie.
Pour terminer, vous éternels indécis, sachez juste que la série est l’oeuvre d’Howard Gordon et Alex Gansa ( ils étaient de l’aventure X-Files ). Ainsi pour tout ceux qui ont un ordinateur, faites marcher ce qui est interdit par la loi Hadopi avant que ce petit bijoux ne parviennent chez nous en DVD ou bientôt sur Canal+. Et n’attendez donc pas que Michel Denisot vous invite à le faire, regardez Homeland !