La Révolution Française ! Si le cinéma nous la retourne dans tous les sens, il y a bien longtemps que sa peinture n’avait pris un tel éclat. En s’inspirant des écrits de Chantal Thomas, le réalisateur fait ici feu de tout bois pour nous conter par le détail, les derniers jours de la royauté.
Avec l’œil complice du petit personnel que Benoît Jacquot ne quitte pas un instant pour mieux peindre l’atmosphère de cette fin de règne. Il s’attache particulièrement à Sidonie Laborde (Léa Seydoux) la lectrice de la reine, qui n’a d’yeux que pour sa maîtresse, au point d’en délaisser les attraits de la cour. Il est vrai que pour Diane Kruger, plus d’un se damnerait.
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Le portrait de cette jeune fille en fleurs, tout en nuances, et joliment brossé au cœur du charivari royal, épouse l’élégance et la légèreté de la mise en scène. La caméra s’y promène plus qu’elle ne se pose, balaie des pans d’Histoire en un clin d’œil que Léa Seydoux aiguise au fur et à mesure que la menace fond sur Versailles, « là où rien ne peut nous arriver » s’amuse , insouciante, une soubrette . Ses maîtres et maîtresses, sont du même tonneau, et leur sidération fait plaisir à voir sous le regard d’un Jacquot qui sait attendre le bon moment pour les croquer, debout !
Au point d’y glisser malices et fantaisie ; celle de la bouchée à la reine que l’on propose à l’archiviste bien tranquille (Michel Robin), qui s’apprêtait à manger un plat de lentilles, me fait encore sourire.
Ce film en costumes orchestre ainsi remarquablement la déroute d’une monarchie, muée en débandade générale quand le bon peuple gronde au pied de la Bastille. Après avoir fait ses adieux à Mme Polignac, son amante, (Virginie Ledoyen) la Reine, elle-même admet sa défaite. Mais pas Sidonie, qui la réfute, jusqu’à l’ultime sacrifice.
Léa Seydoux et Julie-Marie Parmentier, petit personnel de la cour...
Ce climat de désolation humaine, de douleur intime elle le porte en elle comme une seconde nature. Léa Seydoux l’est, c’est une évidence.Comédiens, et surtout comédiennes à l’affiche (Xavier Beauvois , Noémie Lvovsky, Vladimir Consigny , Julie-Marie Parmentier), épousent parfaitement les mêmes appréhensions. Celles d’un monde en basculement. D’une fin de règne, d’hier et , qui sait , d’aujourd’hui ?