Oui, blème... il y a. L'évènement essentiel de ce premier tour des municipales, et de l'entre-deux, du pas deux si l'on veut, c'est bien le développement des
alliances entre le PS et le Modem.
Ah! nous dira-ton, mais il ce n'est pas le cas partout! Précisément.
Que le parti de Bayrou, éternel opportuniste toujours prêt, en bon éleveur de chevaux de luxe qu'il est, à enfourcher une monture de passage, cherche à
s'insinuer partout où c'est possible pour obtenir quelque maroquin municipal, cela n'a rien d'étonnant.
Mais que le PS généralise, de Marseille à Lille, les alliances avec le Modem, pour la plus grande joie de l'impayable Mme Royal, laquelle persiste dans la voie qui
lui fit perdre la présidentielle (ce qu'elle considéra alors comme une "victoire"), voilà qui ne peut faire que blémir.
Cela n'est pas en effet sans conséquences, qu'il faut bien mesurer.
Si en effet le PS arrive à trouver suffisamment de points communs avec le parti d'un ancien ministre de Balladur puis Chirac, lequel Modem dans le même temps est encensé par Juppé et s'allie
aussi avec l'UMP de ci de là, n'importe quelle personne sensée en conclura qu'il s'agit d'une affirmation politique sans ambages : seules des nuances, des sensibilités, séparent ces formations
politiques. Leurs princjpes sont tous les mêmes, faute de quoi comment pourraient-ils envisager de diriger une ville ensemble? Les additions électoralistes ne font pas une politique
municipale.
Or, s'agissant du PS, qui électoralement reste incontournable pour les classes populaires de ce pays, c'est un pas de plus vers l'affirmation que, décidément, il n'existe qu'une seule
politique dans ce pays, et que le seul choix serait de savoir de quelle manière elle doit être menée - en d'autres termes, à quelle sauce on doit être mangé.
Certes ce n'est pas d'aujourd'hui que le PS s'est employé à faire cette triste "démonstration" depuis 1981.
Mais la généralisation de l'alliance avec le Modem place le futur congrès de ce parti sous de sombres auspices, ceux de la perspective d'un "parti démocrate" à la française. Ce qui
priverait l'immense majorité de la population de ce pays, les ouvriers, employés, enseignants, personnels de santé, etc. de toute possibilité, sauf celle résiduelle du PCF ou marginale de la LCR,
de tout moyen de se manifester sur la scène politique de manière un tant soit peu autonome. Et donc de formuler l'exigence que soit menée une politique fondamentalement différente que celles
servant in fine les maîtres du CAC 40. L'immense abstention populaire pour ce premier tour en est une des conséquences.
Alors une première mesure de salubrité publique, pour empêcher la transofmration irreversible du paysage politique française en un marais fangeux
s'étendant à perte de vue, pour empêcher, pour reprendre le langage de la révolution française, que la "montagne", ou du moins la colline, ne soit arasée et enterrée, est de refuser de voter pour
ces listes d'alliance qui, ilne faut pas s'y tromper, augurerait si elles triomphaient, une modification structurelle autant que négative du champ politique français.