Shaun of the dead (2004)

Par Eric Culnaert

 

Le titre de ce film d’Edgar Wright, qui joue lui-même deux petits rôles et fait une voix, est une référence phonétique à Dawn of the dead, le deuxième film de George Romero sur les morts-vivants, mais il n’est pas certain que les spectateurs français perçoivent cet écho, puisque cette pellicule avait été distribuée chez nous sous le titre passe-partout de Zombie.

En tout cas, c’était au départ une idée pas plus bête qu’une autre que de traiter sur le mode comique ce thème classique du cinéma d’horreur, mais avec des ringards en guise de personnages centraux. Comme on n’entre que très lentement dans le vif du sujet, le spectateur a le temps de se pourlécher les babouines à la progression du récit, peu occupé qu’il est à piger la situation – évidente.

En effet, les morts-vivants, qui ont envahi le patelin où vivent Shaun (joué par Simon Pegg, également co-scénariste avec le réalisateur), sa mère et son ex-petite amie Liz, ces morts-vivants, disais-je au début de cette phrase qui s’annonce interminable et dont, lecteur un peu maso, tu as certainement oublié le début, sont pris d’abord pour des pochards ou des drogués par ledit Shaun et son copain Ed le gros dégueulasse, eux-mêmes pas très frais – rappelons que nous sommes en Grande-Bretagne, où le flux de bière dépasse en volume celui de la Tamise –, de sorte qu’il leur faut un bon moment, les deux tiers du film, pour comprendre ce qui se passe, au moment où les morts-vivants se mettent à boulotter les vivants, condition nécessaire s’ils veulent rester morts. Ou vivants. Je ne sais plus, il faudrait vérifier le concept auprès de son inventeur George Romero…

L’histoire, très classique mis à part ce quiproquo de départ et sans lequel il n’y aurait pas de film, montre donc le combat entre les vivants qui ne veulent pas mourir et les morts-vivants qui s’en fichent vu qu’ils sont déjà morts, mais qu’il faut quand même tuer en les décapitant (ça va, tu suis ? Je sens que l’histoire se clarifie au fur et à mesure qu’avance le présent compte-rendu), et culmine durant la bagarre dans le pub entre les vivants assiégés et les zombies, sur une chanson de Queen, Don’t stop me now (la plus belle de toutes, extraite de Jazz, en 1978). Ensuite, évidemment, lorsque Shaun est obligé de tirer une balle dans la tête de sa propre mère devenue zombie, on rit un peu moins, et la scène du dépeçage de David est sans doute de trop, puisque la parodie oublie qu’elle est censée faire rire seulement. Si elle veut être une parodie. Que sinon, le film est raté. Donc il l’est.

Sur le plan anecdotique, et mis à part ce matricide (« Péché véniel », me souffle mon ami Poil-de-Carotte dans mon oreillette), tout va bien, merci. Ed, cru mort, ne l’est pas et retourne à ses jeux vidéos, ce qui prouve aux sceptiques inguérissables qu’il n’existe rien de nouveau sous le Soleil, et pourtant nous sommes en Grande-Bretagne. Même la morale est sauve à peu de frais, puisque Shaun et Liz renouent sans que le premier ait eu à envoyer un SMS.

Sur le plan sociologique, c’est encore mieux, l’épilogue redresse la barre en laissant entendre que les jeux télévisés de l’ère post-zombie sont, eux aussi, peuplés d’êtres pas beaucoup plus humains que les morts-vivants éliminés par l’Armée. Le film est britannique, bien entendu. Mais cela, tu l’avais compris, lecteur finaud et qui a consulté la page adéquate sur Allociné.

Choisis ton arme et flingue la fin du film
       

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