(Aigle royal - Aquila chrysaetos, Saint-Jurs, Alpes de Haute-Provence, le 18 mai 07)
J’allais me fendre d’une note sur l’énigmatique nomination d’Alain Juppé au poste de Ministre d’Etat de l’écologie et des choses durables, sur la grande prudence qu’elle m’inspire compte tenu des prises de position du transfuge canadien et surtout des actions qu’il a enclenchées à Bordeaux (contournement autoroutier, tracé destructeur de la ligne de train Bordeaux – Espagne…). Je m’attarderai sur son cas un peu plus tard, un dégoût me rattrape. Ce midi sur Canal +, un reportage montrait le député socialiste Arnaud Montebourg, en campagne pour les législatives, évoquant avec des agriculteurs le sujet des oiseaux soi-disant nuisibles. L’ancien porte-parole de Ségolène Royalà la présidentielle s’est laissé aller à exalter la haine des corbeaux et des rapaces en insistant sur les supposés dégâts causés par ces oiseaux. Il a notamment souligné le cas de la buse, responsable selon lui de la destruction de 25 % des poussins d’élevage (d’où vient ce chiffre ?). Voilà toute la politique que j’exècre, démagogique et à courte vue. Le genre de discours qui se contente d’attiser d’inutiles feux là où la paille est la plus sèche, en prenant surtout soin de ne jamais aborder de front les vrais problèmes. Comme si la survie des agriculteurs français dépendait aujourd’hui de malheureux oiseaux de proie. Quel triste aveu d’impuissance ! On signalera juste à M. Montebourg que là où l’environnement est sain et la Nature en équilibre, les animaux sauvages ne s’en prennent pas aux élevages. Et qu’il aurait donc dû, quand son équipe était au pouvoir, œuvrer davantage à la restauration de la biodiversité de nos campagnes (qu’on me rappelle, au passage, une bonne mesure écologique prise sous Jospin). Cela aurait servi aux agriculteurs, si tant est qu’ils soient réellement lésés par les buses, et à la santé de nous tous autant qu’à la Nature elle-même.
[les rapaces sont officiellement protégés en France depuis 1972]