Les raisons d’un tel désintérêt sont multiples : prix des ebooks, politique des maisons d’édition, catalogue limité, téléchargement illégal, et attachement au papier bien sûr… Plutôt que de me répéter, je vous renvoie vers le billet “Pourquoi l’ebook a du mal à séduire les français“, publié ici-même il a quelques jours.
Une récente étude d’opinion Way, le baromètre des usages du livre numérique, pour Sofia, le Syndicat national de l’édition (SNE) de la société de gens de lettres (SGDL) permet d’avoir quelques chiffres concrets sur cette désaffection. L’étude a été réalisée auprès de deux échantillons de population. Le premier échantillon de 2014 personnes, représentatives de la population a été contacté par téléphone ou à domicile. Le deuxième échantillon était constitué de 505 personnes utilisatrices de livres numériques, de 18 ans et plus.
Les chiffres sont éloquents : pour le premier échantillon (population type), 95% ne lisent pas en numérique, 90% n’envisagent pas de le faire, et les 10% restants qui restent se composent de 5% qui ont déjà lu au moins un ebook (2% en entier, 3% partiellement), et de 5% qui envisagent de le faire. Parmi les raisons invoquées de préférer le papier, on trouvera le confort de lecture, le choix proposé, le plaisir de lire, et la possibilité d’offrir. Pour beaucoup plus de chiffres, concernant les appareils de lecture utilisés, les proportions de gratuit et de payant, les formats les plus utilisés, ou l’offre illégale, je vous renvoie vers l’étude complète (au format PDF).
Le chiffre de 90% d’utilisateurs qui n’envisagent pas de passer le cap du lire numérique donne l’impression que le livre numérique n’a aucun avenir, mais cela mérite d’être pris avec des pincettes. Si cela correspond bien à la situation actuelle (où l’offre est tout sauf attractive face au papier), il ne faut pas oublier à quel point les positions et avis sont fragiles. Les plus “vieux” d’entre vous se rappelleront combien l’idée d’avoir un téléphone portable était ridicule il y a de cela quelques années. Idem pour les tablettes il n’y a pas si longtemps.
Il suffit de regarder aux Etats-Unis, qui ont lancé leurs offres quelques années plus tôt pour voir ce qui a lieu : certains chiffres annoncent qu’une personne sur 5 serait équipée d’un Kindle, et peut-être plus encore bientôt. Il y a bien sûr des raisons culturelles, mais l’offre de matériel complète, des prix plus bas que le papier, des catalogues très vastes, un véritable investissement des acteurs et quelques années d’avance expliquent aussi cette différence.
On peut bien sûr imaginer que la France résistera au livre numérique au nom d’une culture différente, mais il est plus probable que les choses se mettent à changer, que l’offre se structure, que les fabricants innovent, que les éditeurs finissent pas accepter de baisser les prix, que le catalogue se développe fortement, et que les fabricants de matériel arrivent à séduire à grands renforts de publicité et de marketing.
Imaginez simplement qu’Amazon (ou un autre) décide dans quelques temps d’offrir son lecteur en contrepartie d’un abonnement de quelques euros par mois donnant accès à un catalogue important ? 90% des Français resteraient-ils hermétiques ? Pas si sûr…
Source : CNETFrance
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