CHAPITRE 4
Des cris d’enfants. Ils m’ont réveillée en sursaut. Ce sont les miens ? J’ai des enfants ? Que vais-je leur dire ? Je ne connais même plus leur prénom. La voix de celui qui doit être mon mari se fait plus forte. Il leur demande de ne pas faire de bruit. Quelqu’un monte les escaliers, ses pas approchent, on entrouvre la porte. C’est lui. Il porte un plateau avec des fruits, du fromage et de l’eau.- Si tu as faim…Je fais mine de me réveiller.- Merci.- Isa. Il faudra que tu me dises précisément ce qu’il s’est passé. Et nous devrons aller voir la police pour porter plainte.J’acquiesce d’un mouvement de tête.- J’ai dit à Chloé et Paul de te laisser dormir. Ils m’ont promis de ne pas crier trop fort. Il a dit ça avec un petit sourire comme si nous avions une complicité sur cette expression. J’ai répondu par simple mimétisme. Je ne veux pas qu’il sache que je ne me souviens de rien. Il m’embrasse sur le front et m’encourage à manger un morceau. Il part en refermant la porte avec délicatesse. Pourquoi je ne lui avoue pas mon amnésie ? De quoi ai-je peur ? De lui ? Je n’en ai pas l’impression. Je me sens bien quand il est là. C’est donc autre chose. Mais quoi ? Le gynécologue, lapolice, et maintenant mon mari. Aurais-je quelque chose à cacher ?La porte de la chambre s’ouvre de nouveau. Mon mari a l’air embêté.- Chéri, je vais devoir te laisser pour accompagner Chloé et Paul au sport. Je serais bien rester avec toi mais si je leur fais rater un cours, leur mère va encore me faire une crise. Tu la connais…- D’accord.- Tu es sûre que ça va ?- Ca va aller…- Je sais que ce n’est peut-être pas le moment mais n’oublie pas de prendre tes médicaments.Il part en me faisant un petit sourire tendre. Sur le plateau, une plaquette de cachets ronds et blancs. Substance active : citrate de clomiphène. Je déplie la notice : « Le clomiphène peut être utilisé soit seul, soit en combinaison avec la metformine pour induire une ovulation chez les femmes stériles par insuffisance folliculaire. » Le viol. Ma fuite devant le gynécologue. Et si j’avais été enceinte avant mon agression ? Et si j’avais perdu le bébé ? L’angoisse me reprend. Mes mains tremblent. Mon bas ventre me brûle. J’ai envie d’uriner. Je cours aux toilettes. Quelques gouttes de sang dans la cuvette. Je fouille dans l’armoire à pharmacie et je trouve enfin ce que je cherche. Un test de grossesse. Je suis assise sur mon lit. J’attends le résultat. Je retire la languette. Il est négatif. Au même moment, une image se réveille en moi. Je me vois accroupie près du mur de la chambre. Celui qui se trouve derrière le lit. Machinalement, je me lève. Je m’assoie, je manipule une plinthe. Elle bouge et s’escamote. Un petit renfoncement. A l’intérieur, un sac en plastique bleu transparent. Il contient des plaquettes de pilules. L’une d’elle est entamée. Aucune notice. Seulement : acétate de cyprotérone. Il faut que je sache. Je sors de la maison. La tête baissée en espérant ne croiser personne de ma connaissance, je pars chercher une pharmacie. Je trouve une officine. Peut-être est-ce celle dans laquelle j’ai l’habitude de me rendre. Tant pis. Ils penseront ce qu’ils veulent.- Bonjour Madame Renan. Mais qu’est-ce qui vous est arrivé au visage ?- Une triste histoire. Je vous en dirai plus une autre fois.- Bien, bien…- J’ai retrouvé de vieux médicaments dans mon armoire à pharmacie et avant de les jeter, j’aimerais savoir si je n’en ai vraiment plus besoin. Je crois que c’est de l’acétate de cyprotérone.- C’est bien la dernière chose dont vous auriez besoin si je peux me permettre. En tout cas si votre projet est toujours d’actualité.Elle a ajouté la dernière phrase en mettant la main sur le côté de la bouche comme si nous échangions une confidence entre copines.- Ah bon, pourquoi ?- C’est un contraceptif. Je dois m’asseoir. Pourquoi prendre un traitement pour favoriser la fertilité et absorber des pilules contraceptives dans le dos de mon mari ? Mon Dieu, quelle est ma vie ?
La suite
Ah bé non !!!
La suite à aller lire dans ce recueil !Je vous promets que vous ne serez pas déçu...