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Ma tête est au dessus mes épaules. Les idées s'y bousculent, narquoises. Ce lundi, je ne ressens pas la liberté légère des mots qui s'enfuient dans les champs. Je m'interroge, et je n'ai pas de refuge. J'ai fait la grande vidange des images. À part les plus vraies, les plus authentiques. Je suis fatigué, les événements sont plus forts que moi. Je lâche prise. Je n'ai plus d'explication du monde. Je commence à disparaître. Le printemps, mon nouveau printemps, s'installe. L'énergie universelle reprend souffle. Pourquoi et comment sont les questions les plus compliquées. Il est difficile d'avouer qu'on ne sait pas. La bonne humeur est une forme de résistance. J'ai tellement tiré sur la ficelle. Oui, je suis désabusé. Oui, j'ai envie de large, de grand large, de beaucoup d'air et d'une brise délicate. Tous ces mots que je brasse dans l'air, tous ces jeux de mots qui ne m'amusent plus, qui n'ont plus aucun sens, aucune chance. Le correcteur orthographique est plus rapide que moi. Mes amis, vous n'êtes plus. Mes frères, vous n'êtes plus. Mes rêves, vous n'êtes plus. Je marche dans l'avenue déserte, sans but. Conscient de la futilité de tout ce que je vois, de tout ce que je pense. La futilité de tous mes souvenirs, leur fatalité aussi, je n'y échapperai pas, je suis perdu, désespéré, hagard, désorienté. Vous pourrez me dire: mais tu n'es pas sur scène, tu n'es pas en représentation. Je dirais cependant que je me regarde dans le miroir, je cherche à tâtons, je crains le noir. Je peux écrire, mais je ne pas décrire le sentiment qui m'habite. Fermer les yeux, pour ne plus lutter, se demander quoi faire pour retrouver paix et quiétude. Chercher l'endroit, le bon, m'y allonger en compagnie des miens. Déconnecté.