1280.- Pour la deuxième fois consécutive, je me suis aligné sur le départ des 80 km de L'Eco-Trail de Paris. L'année dernière c'était mon premier trail, mon premier ultra et j'ai eu le plaisir d'être déniaisé grâce à mes amis Normands Romu et Yannick montés à Paris pour l'occasion.
Cette année, la donne avait changé car en l'ayant terminée difficilement dans un état de fatigue extrême sous la pluie, le froid, le vent, la boue et la gadoue, je savais que cette course était malgré tout moins traumatisante que Millau et moins épuisante que la SaintéLyon dont la particularité est de commencer à minuit.
C'est donc relativement confiant que j'abordais cette 5ème édition. Ayant préparé rapidement mon barda pour la course après un plat de ravioli avalé à 9h du matin, je rejoignis mes amis de la Runnosphère Maya, Sébastien Rob Robert, Philippe Jahom et Bastien Djailla.
Guillaume le pote de Sébastien de Nike que j'avais croisé à Amsterdam m'avais appelé pour que l'on fasse un bout de route ensemble, on avait convenu de se rejoindre au départ.
Arrivé à onze heures trente sur la base de St Quentin, je réalisais que le départ était à midi et non à midi trente comme je le pensais, trop peu de temps pour croiser mes copains ! Heureusement j'ai pu récupéré Guillaume qui se concentrait sur la pelouse. Non loin de lui, j'ai salué les gentils Destal Marc et Tristan qui hébergeaient leur ami Fernand, concurrent également sur la course avec la ferme intention de signer un super temps.
Nous nous sommes dirigés dans le sas et j'avais en ligne Rob pour essayer de le rejoindre mais il était devant côté droit alors que j'étais en face et en arrière face au podium d'animation où les organisateurs se félicitaient du nombre de participants pour cette 5ème édition, plus de deux-mille ultra-trailers. Après nous avoir fait observé une minute de silence pour les victimes de Toulouse et de Montauban, le départ est lancé dans une ambiance festive. Il faisait déjà chaud et j'étais quasiment aussi équipé que pour la SaintéLyon hormis ma troisième couche Odlo que je n'avais pas enfilée. Dès les premiers kilomètres j'étais en surchauffe, heureusement qu'il y avait un peu de vent et de l'ombre pour nous abriter. Je voulais partir plutôt cool comme l'année dernière mais sans trainer au ravitaillement. Tous les fractionnés des derniers mois et ma récente perte de poids méthodique de 1 kilo par semaine faisait merveille et je voyais que j'arrivais à soutenir une bonne allure, nous étions à 10,5 km/h et c'est à cette allure de moyenne que nous sommes arrivés à Buc en 2h14 à 22 km. Le premier semi était plat et le plus dur était à venir avec une difficulté croissante outre le début des forêts et des chemins de sentier avec un peu de dénivelé, la gestion de l'eau.
L'année précédente je n'avais pas rempli mon camelbak et j'étais à court à 44 km, il me restait 10 kilo à faire sans eau, la gageure.
(Crédit photo : Alain Willems)
Je remplis donc à ras bord mes deux litres de réservoir avec trois doses d'Hydraminov au goût menthe. J'ai découvert cet excellent produit de chez Effinov conçu par Anthony Berthou de Lorient, il a l'avantage d'être d'un pH neutre et de ne provoquer aucune aigreur d'estomac au contraire de l'Hydrixir d'Overstim qui me fait gerber à chaque fois que j'en ai pris.
J'avais prévu de faire une pause de dix minutes maximum à Buc contre vingt-deux l'an passé, Guillaume avait des fourmis dans les jambes et commençait à blaguer sur le fait que je prenais mon temps.
Nous sommes partis sur les chapeaux de roues pour une série de montées où il était exclus de courir tellement les chemins étaient étroits. Nous commencions donc les fameuses séquences du traileur où l'on marche quand cela monte et on court sur le plat, on galope sur les descentes.
Je commençais à avoir l'expérience des descentes et si j'étais à la traine sur les montées, les descentes me faisaient moins peur qu'auparavant et je les dévalais à bonne vitesse à 15-16 km/h.
Je faisais honneur à mon lièvre de luxe Guillaume, 3h10 sur marathon tout de même.
Il avançait bien surtout sur les pentes et les faux-plats montants c'est pourquoi je le laissais prendre de l'avance, faisant ma course dans mon coin.
Nous passions allègrement le marathon sans ressentir aucun mur à cause de la nature du sol et du fait que nous nous alimentions en eau régulièrement. Il convient de prendre 800 ml par heure de course d'autant que les boissons énergétiques que nous consommons contiennent l'équivalent en vitamines, acides aminées, BCAA de ce que nous perdons en transpiration et en oxydation des graisses.
Au 39 km, je n'avais plus une goutte d'eau et il me restait 6 km à parcourir avant le ravitaillement en eau à l'observatoire de Meudon. J'angoissais un peu mais j'avais déjà appris l'année passée où ce point d'eau n'existait pas et c'était 10 km à parcourir avant Chaville.
Je restais concentré sur ma course et mon allure, Guillaume était déjà hors de vue et je continuais mon bonhomme de chemin. A Meudon au 45 km, une fontaine providentielle me permit de prendre deux gobelets plein pour mouiller mes lèvres et 300 mètres plus loin, je retrouvais mon compagnon de route qui était arrivé seulement trois minutes avant moi, comme quoi rien ne sert de courir on arrive tous au même point d'eau.
Bastien nous rejoignit à son tour, il était carbonisé, il avait froid et soif et se reposait le temps d'une photo prise par ses camarades venus le soutenir.
Arrivés à ce point, nous avions fait plus de la moitié. Les premiers coureurs abandonnaient et il y avait un passage un peu dur de dix kilomètres jusqu'à Chaville où j'avais bien souffert l'année passée.
Requinqués avec de la bonne eau de source et une barre de céréales, nous repartîmes de plus belle. Cette fois, Guillaume avait décidé de ne pas me lâcher car s'il faisait plus d'effort sur les montées en définitive on n'avait que très peu d'écart. A partir de ce moment, nous avions un petit rituel après chaque passage un peu dur, c'était de compter jusqu'à trois dans la main pour relancer la machine à courir, nous nous encouragions mutuellement, cela change de la course 2011 où livré à moi-même je n'avais pas gardé un rythme aussi régulier.
Le passage de Chaville au 55 km fut un régal pour trois raisons. J'étais en pleine forme quand il ne restait que 25 km avant l'arrivée, je pus me refueler complètement au stand Effinov par une boisson préparée par le gentil monsieur du stand, il faisait encore jour alors que l'année dernière il faisait nuit noire à ce moment et il devait être 20h30 alors que cette année j'arrivais à 19h.
Guillaume était un peu moins frais mais le marathonien n'avait pas dit son dernier mot et puis il y avait une bonne soupe qui nous a redonné du courage et de l'énergie.
Juste avant j'avais croisé Alain Willems le copain runner de Yannick mon pote qui m'a fait découvrir le Nike Running Club. Le voir tout souriant m'a redonné des forces, quand on arrive à un certain niveau de fatigue, toute pensée positive est bonne à prendre.
En courant à côté d'un marcheur nordique, je remarquais ces bâtons et lui demandais si ce n'était pas trop lourd. Il me remercia et me répondit que non. En me dévisageant il me questionna "Ah mais je te connais, tu as un blog ... Ah la star !"
Cette remarque me fit bien plaisir et nous discutions un peu pour nous donner du courage. Sur un trail, il y a cet esprit que j'aime bien, on prend le temps de discuter avec les gens, de faire connaissance un peu et d'aider ceux qui sont dans la difficulté contrairement à une course sur route où c'est chacun pour soi et on est armés jusqu'aux dents pour faire le meilleur temps.
La nuit commençait finalement à tomber vers Marne-la-Coquette dans le terrain de jeu de Guillaume qui vient s'entrainer régulièrement chaque week-end. Nous nous arrêtions car monsieur n'avait pas lu la notice de sa frontale et avait oublié où se trouvait le bouton on/off.
Il faut dire qu'à ce moment on perd un peu la tête et on est animés de sentiments basiques, manger, boire, courir et avancer.
Plus nous avancions vers le but de la course, plus nos forces nous revinrent, nous remontions tous les concurrents et ne marchions même plus sur les faux-plats montants et c'est dans un sprint à plus de 15 km/h que nous parvîmes au dernier ravitaillement à Saint-Cloud au 68 km.
Plus que dix petits kilomètres et nous étions finishers. Guillaume pour la première fois et moi pour la quatrième fois d'une course ultra de plus de 50 km.
Il appela Seb notre ami de Nike qui avait planifié de nous escorter sur les dernières foulées à partir du siège de Microsoft à Issy-les-Moulineaux.
(La Grande Dame nous attend ! Crédit photo : Sébastien Barreaud)
Un dernier détour sur l'Île Saint Germain, les chantiers des Quais de Seine et nous bouclions notre premier pari fou de l'année.
En montant les derniers escaliers avant la Tour Eiffel au 80 km, je voyais un comité d'accueil fort sympathique avec Salvio JecoursParis, Stéphane Stutz alias Jack Bauer et mon ami Jipé de Run, Reporter Run paré pour la photo qui m'avait vu au dernier moment, j'étais tellement dans les nuages que je n'ai pas pris la peine de m'arrêter pour une belle photo finish.
J'étais dans l'exhaltation et galvanisé par la foule criant et nous félicitant derrière les barrières de la Tour Eiffel, je faisais un dernier sprint avant d'entamer les délicieuses dernières 350 marches qui nous séparait du premier étage.
Guillaume était tout fou et prenait même le temps d'appeler sa femme, sa maman et ses enfants.
FINISHERS peu après avoir eu droit à notre photo officielle, nous nous congratulions en nous disant que nous avions vécu une très belle aventure.
Pour ma part j'étais plus que satisfait d'avoir réussi carrément moins fatigué que l'année dernière et en 10h25 soit près de deux heures de mieux.
Des copains et des bons souvenirs, c'est cela le plaisir que je retire de toutes mes courses et de celle-là en particulier. Merci à tous pour votre soutien, à Abi pour son support débordant et à Guillaume d'avoir fait mon lièvre sur tout le périple.
"Résultats de l'Eco-Trail de Paris 2012" le 24 mars 2012 de Saint Quentin à la Tour Eiffel