Magazine

Contre la deliquescence : Osons l’Utopie & la démocratie !

Publié le 25 mars 2012 par Ladrevert

Les illettrésdu XXIème siècle ne seront pas ceux qui ne savent lire et écrire, mais ceux qui ne sauront apprendre, désapprendre et réapprendre
Alvin Toffler

Je repousse cet article depuis quelques mois, il y a tellement à dire, et nous subissons tellement de conditionnement, que parfois, même quand deux personnes pensent la même chose, simplement à cause d’une étiquette ou d’une certaine manière de s’exprimer elles en arrivent à se disputer. Je tiens à rappeler que je tiens un blog utopiste et d’analyse des médias et non politique. Si besoin je traiterais à part et sur demande des notions que je pourrai être amené à aborder dans cet article.

Lorsque les pères s’habituent à laisser faire les enfants, lorsque les fils ne tiennent plus compte de leurs paroles, lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter, lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu’ils ne reconnaissent plus au-dessus d’eux l’autorité de rien et de personne, alors, c’est là, en toute beauté et en toute jeunesse, le début de la tyrannie.
in La République

Ces derniers mois un certains nombres d’utopistes et penseurs se réinterrogent sur la démocratie suite aux pertes de valeur de la société, voire des valeurs inversées suite à une réécriture de notre histoire…

Le sociologue Philippe breton s’intéressait au rôle de l’utopie dans les sociétés, et notamment à l’utopie de la communication, si l’on couple cela à l’historien Arno Mayer et son persistance de l’ancien régime dans les sociétés modernes, ainsi qu’à un biologiste dont le nom m’échappe intervenu sur TED il y a quelques années pour parler des cycles : que ce soit en médecine ou dans l’aviation il y a des cycles de 30 ans. Je me suis amusé à le transposer dans d’autres secteurs pour tester : en informatique, informatique théorique dans les années 50 et premier ordinateur individuel dans les années 80 et fusion informatique & télécom dans les années 2010 (je ne parle aps de technologie, qui sont des cycles courts et continus, et dont il faut dissocier la phase de maturité et de fantasme cf hype cycle du Gartner), en économie depuis peu on voit un retours aux théories des cycles longs du russe Kondratieff.

Donc nous avons une société qui avance moins vite que ce que nous pensons, c’est la persistance, nous avons tendance à analyser le passé sous le regard de nouveaux mèmes ou nouvelles idées, mais la société est plus lente à se modifier et le système de caste se reproduit. Si l’on prend une photographie de ces familles qui se partageaient les richesses de la France il y a un siècle, on pourrait être curieux de retomber sur un certain nombre de noms du MEDEF et de ministres..

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, suite à la bombe atomique, la place des scientifiques a changé et c’est à ce moment qu’est née la science fiction. L’utopie de la technologie pour libérer l’humanité. Une partie de cette utopie est toujours à l’oeuvre aujourd’hui, une grande partie s’est effondrée

A propos de l’utopie de la chimie née pendant la guerre et toujours en œuvre, nous allons nous pencher sur l’histoire d’un monde obsédé par le matériel et qui n’est même pas heureuse

Contre la deliquescence : Osons l’Utopie & la démocratie !

D’ailleurs concernant le monde dans lequel nous vivons nous pouvons relire Huxley dans son retour au meilleur des mondes qui a bien analysé le monde dans le quel nous sommes 70 ans après, comme quoi, ce n’est pas si surprenant pour un esprit aiguisé…

Il n’y a pas eu de libération mais un asservissement, dans les années 80 nous sommes passé à l’utopie de la communcation : un monde tout communicant, transparent qui règlerait les problèmes. On l’a vu, le premier problème fut qu’il n’y a avait plus de message à communiquer, le second, est que ce merveilleux monde conditionne encore plus qu’avant notre vision du monde. Noam Chomsky l’avait montré dans sa fabrique du consentement (cf la manipulation médiatique en 10 points). J’ai eu la chance de regarder longtemps histoire parallèle jeune pour voir l’histoire racontée par les médias des deux côté de la ligne d’un conflit. A force d’uniformiser le monde, nous ne le comprenons plus. Déjà à l’époque de la première guerre mondiale et des emprunts russes, on pouvait analyser les médias en regardant qui les finançait ou possédaient afin de comprendre quels enjeux étaient servis. Dans la multiplicité des sources sur internet, les voix sont diluées, ou il est facile de devenir paranoiaque. Concernant la blogosphère, on nous rabâche qu’elle est dominée par une “fachosphère”, mais ce n’est pas vraiment ce que racontent les études, on se rend compte qu’elle est dominée par une idéologie socialiste en fait. Mais comme je reprends toujours les gonzojournalistes, don’t hate the medias, be the medias.

Contre la deliquescence : Osons l’Utopie & la démocratie !

Le moutonnage, expérience de l’ascenseur :

J’ai d’ailleurs consacré un long article à la seconde guerre mondiale et à l’experience de Milgram, qui permet de nous éclairer sur la nature humaine, à prendre en compte pour l’établissement d’un nouveau système politique : Ce que les neuroscientifiques ont montré c’est que face à un dilemme moral les gens disent qu’ils n’infligeront pas de douleur électrique à autrui contre de l’argent, mais qu’en réalité ils le font.

On n’arrête pas de dire que nous sommes à une époque scientifique alors que nous sommes à une époque technologique, ce sont des politiques ou industriels qui font le annonces dites scientifiques sur la santé par exemple, et à notre époque où la bienpensance exige de dire que tout est équivalent on arrive à croire  qu’ : un fait, une opinion, un axiome sont équivalents…. NON ! tout le monde savait que la terre était plate il y a quelques siècles.

Un c’est de la tyrannie, deux c’est un dilemme, trois c’est un choix

Bon et alors, quoi faire ?

comment devons nous voire le monde ? il y a plus d’alternatives que nous le pensons, par exemple Howard Bloom dans son dernier livre provocateur (d’ailleurs le sous titre de son tapuscrit était putting soul in the machine):

Cette crise signifie-t-elle la fin du capitalisme et celles de toutes les idéologies ?
Howard Bloom nous montre simplement que le capitalisme a plus fait pour les pauvres en 100 ans que toutes les religions réunies depuis 2000 ans, et aussi que cette crise économique n’est que le passage douloureux vers un nouvel âge d’or… (résumé éditeur de Le Génie du Capitalisme)

D’un point de vue politique nous pouvons suivre les recommandations du FMI et comme disait Jacques Delors au Monde :” Apprendre aux pays en difficulté à mourir guéri “… ou bien nous pouvons suivre les modèles de l’Argentine et de l’Islande dont aucun média ne parle aujourd’hui…
Après son refus de payer sa dette, l’Islande fera le triple de la croissance de l’UE en 2012

Quels sont les enjeux ? David Rothkopf, ancien conseiller de Clinton et directeur de cabinet de Kissinger dans son livre la Caste analyse bien les enjeux du monde d’aujourd’hui. Il repart des premiers milliardaires américains du XIXème siècle qui avait une longueur d’avance sur le gouvernement puisque leur entreprise était nationale alors que le gouvernement était fédéral. Nous avons aujourd’hui des entreprises transnationales contre des gouvernements nationaux. En outre, la plupart des institutions internationales sont des organismes nés au lendemain de la seconde guerre mondiale dont les rôles n’ont pas été redéfinis, avec des personnes non élues, sans parler du développement de soft power. N’oublions pas également la complexification du monde qui fait que seules des multinationales peuvent donner au système des experts censés analyser une situation et la réguler…

Alors nous pouvons essayer de refaire de la politique comme au XXème siècle… et échouer. Il ne s’agit pas d’un combat droite gauche, en fait même au XXème siècle il s’agissait d’un combat progressiste vs réactionnaires (droite et gauche pouvant être inversés selon les pays). Il s’agit désormais d’un combat corporations vs individus. Contrôle vs liberté individuelles.

rester dans une ancienne vision du monde est délétère car ne permettra pas d’apporter les bonnes réponses surtout avec des systèmes qui n’ont pas fait leur preuve. Beaucoup de personnes veulent être dans l’empire du bien, car le bien c’est bien, et bouh le mal. Sauf que on se rend compte qu’il y a beaucoup de dogmes et de raisonnements circulaires dans cet empire du bien. Dans la guerre des étoiles, l’empire du bien ça s’appelle juste l’empire.

La lutte la plus forte ne devait pas se faire contre les peuples ennemis, mais contre le capital international. La lutte contre le capitalisme financier international était le point programmatique le plus important dans la lutte de la nation pour son indépendance économique et sa liberté [...]

Dans la mesure où l’économie s’est rendue maître de l’État, l’argent est devenu le dieu que tous devaient adorer à genoux [...] La bourse commença à triompher et s’employa lentement mais sûrement à soumettre à son contrôle la vie de la nation [...] Le capital doit rester au service de l’État et ne pas essayer de devenir le maître de la nation.

Après la guerre non plus, nous ne pourrons renoncer à la direction étatique de l’économie, car autrement tout groupe privé ne penserait exclusivement qu’à la satisfaction de ses propres aspirations. Étant donné que même dans la grande masse du peuple, tout individu obéit à des objectifs égoïstes, une activité ordonnée et systématique de l’économie nationale n’est possible sans la direction de l’État

Et qui a écrit ces magnifiques mots d’actualité ? Joseph Goebbels. (merci de ne pas me jeter de pierres, j’ai déjà eu ma dose de lapidation au nom de la liberté d’expression d’avoir osé discuter des liens entre les deux régimes totalitaires qu’étaient le communisme et le nazisme)

quand il y a eu l’épisode des post-it l’été dernier, qui a fait sourire, j’ai tout de même montré que dans les corporations il y avait des individus. En Islande, ils l’ont montré également, alors comment dans notre Europe supranationale et démocratique a ton pu installer à la tête de pays comme l’Italie et la Grèce des personnes non élues représentantes de Goldmann & Sachs, qui ont elles mêmes ruinées les pays ?

La démocratie est le nom que nous donnons le peuple toutes les fois que nous avons besoin de eux.
Marquis de Flers Robert et Arman de Caillavet

Mais qu’est ce exactement que la démocratie ? un système électif ? Nous avons le choix d’élire des personnes non représentantes du peuple en n’ayant pas les informations pour faire le bon choix, d’ailleurs nous arrivons souvent à des 50-50% le même résultat que si nous tirions au sort. Les peuples démocratiques se comportent-ils comme des gaz parfaits ?

South Park nous rappelle l’importance d’aller voter :

Contre la deliquescence : Osons l’Utopie & la démocratie !

ce qui est plutôt amusant si on se repenche sur ce qu’est une démocratie… on a conditionné tout individu moderne à penser que démocratie = élections, et l’on confond également démocratie et république. En France on oublie un peu vite à quoi la IIIème république était destinée et comment elle est née… si on se replonge dans les textes des grecs :

« On admet qu’est démocratique le fait que les magistratures soient attribuées par tirage au sort, oligarchiques le fait qu’elles soient pourvues par l’élection » (Platon, Politique IV. 9, 1294b8)

Voilà, à méditer. Nous sommes dans un système oligarchique nous le savions.

Plutôt que de partir sur de belles idées, nous le savons les neurosciences nous ont appris que nous biaisons ce que nous faisons par rapport à ce que nous disons. Nous savons qu’une fois au pouvoir : il y a une inertie énorme qui refuse tout changement, c’est la persistance de l’ancien régime dans les sociétés modernes liés à notre cerveau reptilien,  (après tout ce n’est pas si mal, la peur du changement), ainsi qu’un certain nombre de lobby (la “caste” qui s’autoreproduit, l’ascenseur social étant en berne) qui ont tout intérêt à garder un coup d’avance dans la course de pouvoir entre les entreprises privés et la société.

Donc mon sentiment serait de supprimer les politiques professionnels qui tendent à cumuler les pouvoirs, accumulation de richesse, corruption. Qui permettent à de faux opposants de faire vivre le système en jouant la carte de” bouh, nous sommes le peuple, nous sommes le bien on va changer le monde” en sachant pertinemment qu’ils n’auront jamais à exercer le pouvoir et ses responsabilités, et une fois que tout le monde est bien divisé, on peut oublier les problèmes de fond de la zone de visibilité grand public qui sont traités en comité d’arrière chambre. Huxley le disait : plus de monde sur terre, moins de ressources, plus d’instabilités = les personnes se consacrent de plus en plus aux besoins primaires : alimentation, sécurité santé et des personnes “fortes” prennent le pouvoir mais ne font que renforcer le cercle vicieux…

Pour cela : limiter le nombre de mandats que tout citoyen peut exercer. Ne pas permettre aux hauts fonctionnaires de faire de la politique (problème de juge et parti). Faire un audit avant et après la prise en poste. Mise en place d’un comité d’éthique qui saisira la justice en cas de collusion. Limiter le nombre de députés et utiliser les départements français comme zone d’expérimentation. Mise à jour d’une constitution en 10 points, intelligible par tous, définissant les droits et devoirs ainsi que les libertés fondamentales de tout citoyen. Ouvrir un débat sur la place de la France dans le monde et donc notamment notre position dans l’OTAN et l’Europe. Lancer des chantiers d’urgence : sur l’éducation, le système de santé (passer d’un système de soins à un véritable système de santé), l’indépendance financière des médias, s’interroger sur la palce des sciences au XXIème siècle (une position scientifique n’est pas une position politique). Re-responsabiliser les citoyens, ce qui va de pair avec la liberté, et donc commencer de demander aux politiques et aux capitaines d’industrie d’assumer leurs collusions ou erreurs ayant conduits à de graves conséquences. Arrêter de s’autoflageller sur notre histoire et passé, être ferme face aux personnes à la dérive, introduire une spiritualité laïque.

Il est dommage que nous n’arrivions plus à débattre, le point de Goldwin arrive très rapidement (nous traitons la personne n face de nazi, ce qui n’a aucun rapport avec la conversation, et qui fige tout échange possible, cela arrive très souvent sur la santé, le réchauffement climatique, et le communisme). J’espère n’avoir choqué personne par mes propos, et je m’en excuse si tel a été le cas.

Contre la deliquescence : Osons l’Utopie & la démocratie !Ignorance : depuis quand est-ce devenu un point de vue ?



Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Ladrevert 1008 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte