Je viens de revivre une expérience qu'il est difficile d'expliquer voir même de vulgariser pour les cinéphiles. Inutile de m'apporter le rouleau de sopalin, je ne suis pas encore fou ou mégalo mais 2001 laisse toujours ceux qui ont le courage d'aller jusqu'au bout des 2h30 de film sur un petit nuage. Les 20 premières minutes sont un excellent test pour tester votre aptitude à rentrer dans le film. Pas de dialogues. Seulement quelques primates qui se hurlent dessus avant de découvrir un monolithe noir qui leur font comprendre que l'on peut également se taper dessus avec les outils les plus insignifiants.Pour vous dire la vérité je suis rapidement descendu de mon petit nuage la première fois que j'ai vu ce film. Je me suis proposé de l'étudier à la fac pour éviter la corvée d'avoir à me lire des pavés de 700 pages sur la création du monde. Pas peu fier d'avoir choisi un support vidéo j'ai vite réalisé que je n'avais pas pris la mesure de tous les éléments en m'attaquant à Kubrick. D'abord incompréhensible j'ai ensuite appréhendé le film sous d'autres angles sur lesquels j'avais pu me renseigner en consultant une multitude de bouquins. Et bien figurez vous qu'il fait désormais partie de mes films préférés et que j'ai une nouvelle fois décidé de voler la vedette à mon jeune apprenti en SF, Chief pour garder l'exclusivité du film. Désolé bonhomme...
Habituellement c'est à ce moment précis que je résume le film sans trop en dire. Je vais m'abstenir de le faire cette fois ci. En fait 2001 se lit plus comme un tableau interactif que comme un film. Oubliez les notions de scénario ou de crédibilité, faites appel à vos autres sens. Le film devient quelque chose de beau, des plans minutieusement travaillés avec une musique qui devient presque le personnage principal de l'histoire tant son habillage est crucial. Oubliez aussi vos souvenirs de Jean Claude Bourret donnant la mort à la Cinq sur l'air mondialement connu de Richard Strauss. Vous n'écouterez plus ce thème de la même manière désormais.Je vous rassure je n'ai consommé aucune substance illicite. Je suis simplement terriblement excité à l'idée de vous parler du film.Au delà de cette expérience sensorielle, le film prend toute sa teneur lorsque Stanley Kubrick nous propose un combat épique pour la connaissance entre l'Homme et la machine. L'équipage du Discovery One part pour Jupiter en mission secrète sous le contrôle absolu du maître de bord, Carl qui n'est autre que le résultat de l'Intelligence artificielle dans ce qu'elle a de plus poussé. Pour la petite anecdote, le super ordinateur Carl a fait les frais d'une piètre traduction pour la VF puisqu'il se prénomme Hal en VO. Quel rapport me direz vous? Et bien prenez chaque lettre précédent celle du super robot dans l'alphabet et vous obtiendrez le nom du prochain ennemi de l'homme...Nous sommes en 1968 lorsque Stanley Kubrick retravaille une nouvelle d'Arthur Clark pour l'adapter sur grand écran. Le pari est osé surtout quand on connaît les moyens techniques de l'époque. Kubrick n'a vraiment pas à rougir des effets spéciaux qu'il propose pour ce qui sera considéré comme le premier space opera. A cette époque Georges Lucas essuie encore les bancs de son école en rêvant de Star Wars qui ne verra le jour qu'en 77. Il faut dire que Kubrick a mis le paquet en s'associant dès le début du projet à des professionnels de la Nasa pour reconstituer un espace plus vrai que nature!
De nos jours le film fait référence lorsqu'on parle de cinéma. Je pense qu'il faut surtout féliciter l'audace de Stanley Kubrick qui s'attendait certainement à un retour de bâton de la part de la MGM qui a investi aveuglément sur le film. J'imagine l'air effaré des producteurs en pré-prod avant la sortie du film. Le choc a du être sévère!Et que dire de cette restauration au format Blu-ray si ce n'est qu'elle est un parfait hommage à ce film considéré comme l'une des meilleures œuvres de science fiction de l'histoire. Les traits de cette épopée sont parfaits à me donner l'envie d'acheter dès la fin de cette chronique un écran 140 cm pour habiller les murs de mon 50 m2. C'est clairement la meilleure restauration Blu-ray que j'ai pu constater sur un film jusque là. Et je vais m'arrêter là histoire de ne pas vous endormir car c'est un sujet sur lequel je n'ai pas grand mal à atteindre un nombre minimum de mots pour une chronique. Aussi j'invite ceux qui veulent sortir des sentiers battus du cinéma à découvrir cette œuvre et la prendre pour ce qu'elle est: un appel à l'imagination.
Extrait musical