Ce dimanche avaient lieu en Sarre des élections législatives régionales, forcément regardées de près par les frontaliers lorrains mais aussi par les observateurs politiques allemands à un an des élections fédérales allemandes .
Ces élections avaient été précipitées par l’échec de la coalition dite « jamaïcaine » car composée d’un assemblage noir-jaune-vert (CDU , parti d’Angela Merkel, FDP (libéraux) et verts , pourtant alliés au SPD au niveau national , comme quoi, en France ou en Allemagne , les Verts sont toujours aussi bordéliques…).
Les résultats démontrent une stagnation de la CDU à 35,2% contre 34,5% en 2009 (loin des 47,5% de 2004), , une nette progression du SPD à 30,6% , le parti socialiste allemand repassant la barre des 30% à un niveau similaire à celui qui était le sien en 2004 (30,4) mais gagnant 6,2% sur 2009 ; il marque un effondrement du FDP, le parti libéral , pendant allemand de notre centre français ; crédité de 1,2% (un score qui rendrait pourtant jaloux Cheminade chez nous !), c’est le grand perdant du jour. Allié de la CDU, le FDP s’est de suite dit victime de cette alliance que son chef Guido Westerwelle a voulu et qui avait fait son succès aux législatives nationales de 2009 (14,9% des voix) pour expliquer ce revers historique qui ne permet plus au parti de siéger au Landestag alors qu’il avait 5 élus jusqu’alors. Il enregistre là son plus mauvais résultat dans le land sarrois où i a souvent navigué entre 5 et 10% des voix, atteignant son apogée en 1960 (13,8%). Interrogés ce soir dans un sondage Infratest dimap, les électeurs sarrois indiquent s’être détournés du FDP en raison de ses divisions politiques locales, mais aussi pour des raisons plus nationales comme le rejet que semble suscité son nouveau leader Philipp Rösler ou son image de parti peu social.
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Autre leçon de son scrutin , le recul de de 5,2% du parti Die Linke d’Oskar Lafontaine (16,1%) , ancien Ministre-président de la Sarre avec l’étiquette SPD ; on a eu tendance un peu vite à faire de ce parti le frère de notre Front de Gauche français ; il faut rappeler en effet que Die Linke (« la gauche » pour les non germanophones) a soutenu Beate Klarsfeld comme candidate aux élections présidentielles allemandes récemment (le président de la république allemande est élu par l’Assemblée fédérale composée pour moitié de députés du Bundestag et pour l’autre moitié de délégués des Länder , soit au total 1240 électeurs), la même Beate Klarsfeld qui soutient Nicolas Sarkozy en France…Die Linke reste cependant à un niveau honorable avec 16,2% des voix.
Les Verts allemands « Die Grünen » devraient conserver de justesse leur représentation au landestag avec 5% des voix, en très léger retrait mais à un niveau à peu près stable dans ce land où l’écologie ne semble pas faire autant recette qu’au niveau national. (10,9% aux fédérales de 2009)
A signaler enfin que le parti d’extrême droite NPD réalise environ 1,2% des voix
Mais la grande singularité de ce scrutin restera l’entrée au Landestag d’un parti qui depuis la création de son précurseur en Suède, s’est implanté dans plusieurs pays européens dont la France, et commence à percer en Allemagne ; il avait surpris tout le monde en réalisant 8,9% des voix , remportant 15 sièges lors d’élections législatives à Berlin en septembre 2011 et il confirme en Sarre sa notoriété grandissante : le parti Pirate , avec 7,4% des voix et 4 sièges, démontre qu’un nouvel enjeu se fait jour dans les opinions publiques : la liberté sur le net et le droit à la vie privée mis en danger par la mise sous surveillance étatique du net. Il faut noter que le Parti Pirate français sera présent lors des prochaines législatives françaises en juin prochain .
Au final, ces élections ne devraient pas aboutir à un changement de Ministre-président , le CDU , par le biais de Annegret Kramp-Karrenbauer ,devrait conserver sa main-mise même si la gauche au sens large est majoritaire (mais incapable de s’entendre) ; elle devra néanmoins composer une coalition avec le SPD de Heiko Maas, coalition réclamé majoritairement par les sarrois (45% selon Infratest-Dimpa) plutôt que toute autre coalition (par exemple une coalition entre le SPD et Die Linke recueillant 24% d’avis favorable ou entre le SPD et les verts à 24% également d’avis favorables).