Mohamed Merah était « sous surveillance ». Il n’est assurément pas facile de contrôler efficacement tous les individus « sous surveillance », tâche certainement plus malaisée que celle de récupérer les fadettes de quelques journalistes. Mais force est de constater que cette vigilance a été mise en défaut et que sept innocents ont payé de leur vie cet échec de l’anti-terrorisme.
Je ne verserai pas une larme sur le sort de Mohamed Merah, « neutralisé » comme le dit élégamment Amaury de Hautecloque, patron du RAID. Mais, là encore, je m’étonne. Depuis quand appartient-il au responsable d’une opération de juger seul de son résultat ? Il est bien sûr habilité à décrire l’action qu’il a dirigée mais c’est au maître d’ouvrage (petit clin d’œil à notre président, patron de l’entreprise France) qu’il revient de l’évaluer. Or, là encore, échec : la mission du RAID, expert dans ce genre d’intervention, était de prendre Mohamad Merah vivant et il a failli. Bien sûr, je ne sous-estime pas la difficulté de l’entreprise et il n’est pas question de condamner ceux qui l’ont conduite mais le résultat est là, c’est un échec.
Le RAID n’avait pas été envoyé pour appliquer une peine de mort disparue de notre appareil pénal mais bien pour capturer Mohamed Merah. On aurait pu peut-être ensuite vérifier s’il avait agi seul ou bénéficié de soutiens, éventuellement identifier des filières, remonter à des commanditaires, d’autant plus que le négociateur avait réussi à établir une relation avec lui. Rien de tout cela. Le forcené, qui faisait feu sur les hommes du RAID, a été abattu.
Ceux-ci risquaient leur vie. Certes, mais comme des milliers d’autres Français : nos soldats, nos pompiers, les sauveteurs du secours en mer et tant d’autres professionnels qu’il serait trop long de citer tous ici.
Étincelante au cœur de cet échec, une réussite : mettre une fois de plus au centre de la campagne présidentielle, la sécurité, et présenter comme efficace une politique sécuritaire qui a failli.