25 mars Moulisart - Tragic Strip Onze heures trente, début juillet le soleil cognait. Moulinsart... La maison, enfoncée dans la forêt, s'appelait Moulinsart. Allait-on être reçus par le Capitaine Cradock ? Un monumental portail en acier s'ouvrit tout seul lorsque Marc s'approcha. Il lorgna un des piliers, caméra. Une allée de gravillons capable de subir les assauts d'une Rolls en chaleur prenait une lente courbe devant un massif de machinodendrons hors de proportions. Quelques fleurs d'un violet clérical subsistaient d'un printemps prolixe. Un gazon que n'aurait pas dénigré Salon la Bretèche couvrait une partie de l'immense parc. Planté au milieu comme un réunionnais atterri en Creuse, un gigantesque arbre à barbelés projetait son ombre caricaturale sur la verdure. Le sentier fit encore un caprice, enjamba un petit pont de bois japonais tout de rouge laqué et longea un massif de cactées... Vingt mètres de piquants de coussins de belle-mère et d'agaves agressifs. Marc s'arrêta, stupéfait. Comment ces plantes résistaient-elles au gel ? Il entendit une voix grésiller derrière lui : ...Moulinsart est un micro-climat, abrité du nord par une dense forêt de bambous, les cactus sont plantés selon une orientation savante, et une résistance souterraine similaire à celles des stades de football les isole de n'importe quel gel... Un haut-parleur était perché sur une des premières fourches d'un jujube géant, doublé d'une caméra. Ce n'est pas une maison bourgeoise c'est un bunker chuchota Marc, impressionné. Ne vous laissez pas impressionner, tous les visiteurs sont interloqués par ce massif de cactus. Je vous laisse flâner dans le jardin japonais je vous attends sur le perron. Un jardinier, calvitie née depuis un certain temps, redessinait les rides du parterre zen, contournait délicatement les roches et la lanterne de granit. C'est curieux, pensa Marc, tout bas, car il craignait encore un espion, il me semble avoir déjà vu cet homme quelque part... J'y suis, il ressemble au serviteur du château, comme nous ressemblons à Peufin et à la Castafiore. Sur le perron le baron nous attendait. En fauteuil électrique. Excusez mes défenses, mais j'ai été agressé par trois loubards qui ont violé ma femme et m'ont torturé, et figurez-vous, sur l'air de la neuvième de Beethoven... Soyez les bienvenus à Moulinsart, l'Agence Anonyme d'Intérim m'a dit le plus grand bien de vous... A suivre... demain !
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