Les offres de tourisme alternatif continuent à se multiplier et à se diversifier à travers le monde, et poussent parfois l’excentricité jusqu’à un niveau encore inédit. On connaissait déjà, par exemple, les voyages organisés ayant pour thème la survie en milieu hostile au cœur de la forêt amazonienne ou les programmes proposant des nuits dans des lieux insolites : tout est bon pour proposer aux touristes de sortir des sentiers battus et des circuits traditionnels. Plus récemment, le Royaume-Uni a vu la naissance des « political tours », qui proposent des destinations en raison de l’intérêt politique particulier qu’elles représentent, comme par exemple le Kosovo ou l’Irlande du Nord.
C’est ce dernier concept qui vient d’être adapté en République Tchèque, en y ajoutant une petite touche d’irrévérence : l’étonnant CorruptTour.com est une agence de tourisme basée à Prague, qui se propose de devenir votre guide pour partir à la découverte, le temps de quelques heures, des sites de la capitale tchèque liés aux affaires de corruption les plus retentissantes de ces dernières années. L’entreprise, on le comprend, se veut autant un business rentable qu’une forme de dénonciation politique très élaborée contre les mœurs de certains dirigeants du pays. Elle a en tout cas atteint son premier objectif, qui consistait à susciter une polémique chez les nationaux et la curiosité chez les touristes étrangers.
Parmi les excursions proposées, figurent par exemple une présentation détaillée du site du Ministère de l’Intérieur, un passage devant le château de Prague, qui n’est autre que la résidence officielle du Chef de l’Etat Vaclav Klaus, ou encore le bâtiment où débuta la carrière du tristement célèbre Marek Dalik, un ancien conseiller présidentiel s’étant retrouvé mêlé à une affaire de pot-de-vin. L’agence ne manque ni d’audace ni d’inventivité : à compter du 15 avril prochain sera inauguré un nouveau circuit dédié aux « hôpitaux en marge de la légalité ». Les excursions en bus dans les quartiers remplis de belles résidences et de fortunes douteuses sont par ailleurs surnommées des « safaris » : le tout forme un mélange inédit aux frontières du tourisme, de la politique et de l’humour potache.
Le concept n’est évidemment pas transposable tel quel dans un pays comme la France, où se poseraient bien vite les limites imposées par la législation sur la diffamation ou la protection de la vie privée. On peut néanmoins retenir de CorruptTour cette idée intéressante d’un « anti-tourisme » proposant la découverte de lieux totalement improbables, et qui pourrait fort bien s’adapter dans un pays aux mille et une curiosités comme la France.